© Noémie Kataner
ƒ article de Victoria Fourel
Dans la vie de Lola, il y a son père, qui s’occupe seul d’elle, et d’elle seule. Il y a une bagarre constante contre elle-même pour apprendre, progresser. Parce qu’il y a aussi un lourd handicap du langage, qui l’accompagne et qui l’empêche. Entre les frustrations d’un père qui fait de son mieux, et les désirs d’une toute jeune fille, une rencontre, des rencontres, vont faire naître de nouveaux espoirs.
C’est un spectacle aux multiples facettes. Portrait de famille, inspiré d’une histoire vraie, théâtre musical, danse, vidéo. Tout est fait pour raconter la maladie par un prisme nouveau, avec des lumières nouvelles. Et on peut saluer de prime abord les enchevêtrements de disciplines, qui permettent au spectateur d’investir l’histoire de Lola comme il l’entend : par les chansons ou par les textes, par les passages dansés ou par l’interprétation solide de Morgan L’Hostis dans le rôle de la jeune fille. On a de quoi voir, et de quoi ressentir.
C’est d’ailleurs surtout cette interprétation du rôle principal qu’on retient. Gros travail corporel et d’expression, mais aussi de tenue, pour garder tous les traits de ce personnage qui est loin d’être simple. On sait en plus la difficulté de jouer le handicap. Il faut être dans une technique et une netteté parfaites pour obtenir un rendu quasi-documentaire, sans confiner au ridicule, jamais. C’est réussi, et la comédienne et danseuse est parfaitement en place, dans un rôle qui aurait pu mal tourner s’il n’avait pas été bien amené.
Dans toutes les bonnes idées, et elles sont nombreuses dans le spectacle, on a peut-être une réserve sur les chansons. Car même si elles permettent sans aucun doute de toucher tous les publics, et notamment les plus jeunes, elles font aussi un peu redites, simplettes, pas forcément très originales et piquantes. Les dialogues le sont parfois beaucoup plus. La poésie est ailleurs dans ce spectacle, et souvent à des endroits plus inattendus.
Zourou parlera sûrement à énormément de familles touchées par le handicap. Il aidera d’ailleurs aussi d’autres à comprendre ces parcours d’aidants, ces parcours de soignants, ces parcours de personnes porteuses de handicap. Oui, au passage, on aura avalé une bonne dose de bons sentiments, mais l’ensemble est beau et tendre, et c’est très sous-estimé, les bons sentiments.
© Noémie Kataner
Zourou, de Mélodie Molinaro et François Borand
Mise en scène Mélodie Molinaro
Assisté de Houdia Ponty
Lumières : Johanna Boyer-Dilolo
Scénographie : Sandrine Lamblin
Costumes : Cécilia Delestre
Chansons : François Borand et Stéphane Corbin
Chorégraphie : Morgan L’Hostis
Création vidéos : Kiss’n’fly
Avec Morgan L’Hostis, Emmanuel Quatre, Sophie Kaufmann et Tristan Garnier.
Du 7 au 30 juillet 2022 à 14 h 40
Durée 1 h 05
Théâtre Episcène
5 rue Ninon Vallin
84000 Avignon
Réservation au 04 90 01 90 54
www.episcene.be
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