À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements // Zoo ou l’assassin philanthrope, d’après Vercors, conception & mise en scène de Emmanuel Demarcy-Mota, Théâtre de la Ville, Espace Cardin, Paris  

Zoo ou l’assassin philanthrope, d’après Vercors, conception & mise en scène de Emmanuel Demarcy-Mota, Théâtre de la Ville, Espace Cardin, Paris  

Oct 06, 2022 | Commentaires fermés sur Zoo ou l’assassin philanthrope, d’après Vercors, conception & mise en scène de Emmanuel Demarcy-Mota, Théâtre de la Ville, Espace Cardin, Paris  

 

© Jean-Louis Fernandez

 

ƒƒ article de Nicolas Brizault

Une aventure complexe et simple en même temps. Les gentils humains ne seraient pas seuls sur terre, à part les chiens, les chats et les chimpanzés, entre autres… Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Complètement, pas tout à fait ? Qu’en est-il vraiment ? C’est tout ce qu’a pu approcher Vercors dans Zoo ou l’assassin philanthrope et Les animaux dénaturés, deux textes utilisés ici par Emmanuel Demarcy-Mota, mêlant théâtre, science et réflexion, dans le cadre du programme Art & Science.

L’histoire débute avec un journaliste ayant suivi quelques temps auparavant une équipe de chercheurs qui a découvert, peut-être, une nouvelle race d’êtres humains, ou de mammifères, c’est selon. De retour à Londres, il aide une jeune « femme » étrange à accoucher, un soir, avant de la raccompagner au zoo. Il empoisonne le nouveau-né, nouveau-né fort étrange : un être humain, un animal ? Le médecin appelé pour déclarer cette « naissance » manque de perdre connaissance et s’évente, l’inspecteur de police tout aussi tourmenté règle autant qu’il le peu cette situation en arrêtant le papa. C’est au procès de ce journaliste que nous assistons, mêlant au présent des flash-back, un an avant, trois mois avant, abordant toutes les questions délicates de cette affaire qui risque de chambouler la Terre entière ! Les personnages sont les juges, avocats, jurés, témoins d’un procès peu courant. Cet homme a-t-il tué sa fille, souffrant seulement de malformation et… c’est tout ? Ou bien fait-elle simplement partie d’une forte ancienne, et inconnue toujours, race animale au développement surprenant ?

Zoo ou l’assassin philanthrope est fabuleux à bien des parties. Le thème, c’est évident. Où en est l’Humanité ? Sa « différence », son « petit plus » lui fait imaginer qu’elle est la seule, la meilleure, la plus importante sur Terre. Qu’en est-il exactement ? Et si nous réfléchissions deux minutes sur cette énorme question ? Utiliser la forme du procès peut paraître assez juste. Qui a tort, qui a raison ? Foire sublime des points d’interrogations. Ou l’inverse, l’Humanité a raison, un point c’est tout : « L’humanité ressemble à un club très fermé : ce que nous appelons humain n’est défini que par nous seuls. » comme l’écrivait Vercors.

La mise en scène ensuite, mêlant les époques, faisant apparaître des êtres fabuleux, notamment grâces aux masques splendides d’Anne Leray. Curieusement, la vie apparaît ou rebondit pour mieux dire, dans les scènes « passées », dans ce qui est évoqué pour tenter de faire un peu avancer ce procès engoncé dans des méandres boueux, des échanges incertains. On quitte le polar surnaturel pour le film muet, sous-titré. Le noir et blanc si distant créé par un écran transparent. Le vrai apparaît presque, nous sommes pris, emportés, amusés. Humanité seule et unique, nous réfléchissons avec cette équipe du Théâtre de la Ville qui nous interpelle ici où là.

Oui, tout est passionnant mais il n’y a pas vraiment d’envolée, nous sommes au théâtre et nous y restons. Tout est beau, réussi, resplendissant. On le sait et on se le répète, sagement. Très envie d’aller lire ou relire Vercors, de le découvrir pourquoi pas. Fantastique donc. Mais le ton reste le même. Bien sûr, nous sommes devant un procès, on raconte donc, nous sommes au présent, « tendance passé imaginant le futur. » Oui, oui, encore. Mais le ton, sonore ou chromatique, se développe peu. Une baguette magique serait la bienvenue, on ne demande pas du Rock’n’roll remuant, non, juste une note, un pas de côté, de temps en temps. Ne plus savoir. Zoo ou l’assassin philanthrope fait réfléchir, peser le pour et le contre. L’essence des personnages n’est pas fort différente, de l’un à l’autre. C’est bien et c’est dommage. Un spectacle parfait, sans faille. Un petit coup de pied ici ou là, une rayure, et hop !

 

© Jean-Louis Fernandez

 

Zoo, d’après Zoo ou l’assassin philanthrope & Les Animaux dénaturés, de Vercors  

Mise en scène de Emmanuel Demarcy-Mota

Assistante à la mise en scène : Julie Peigné

Collaboration artistique : Christophe Lemaire, François Regnault

Conseillers scientifiques : Carine Karachi, Jean Audouze, Marie-Christine Maurel, Georges Chapouthier

Scénographie : Yves Collet, Emmanuel Demarcy-Mota

Lumières : Christophe Lemaire, Yves Collet

Musique : Arman Méliès

Costumes : Fanny Brouste

Son : Flavien Gaudon

Vidéo : Renaud Rubiano

Maquillages & Coiffures : Catherine Nicolas

Masques : Anne Leray

Réalisation masques : Rebecca de Monfreid, Marie-Cécile Kolly

Accessoires : Erik Jourdil

Conseillère littéraire : Murielle Bechame

Travail gestuel : Claire Richard

Assistant lumières : Thomas Falinower

Assistante costumes : Véra Boussicot

Réalisation costumes : Lucile Charvet, Agathe Helbo

Stagiaire mise en scène : Léo Majka

 

Avec la troupe du Théâtre de la Ville :  Marie-France Alvarez, Charles-Roger Bour, Céline Carrère, Jauris Casanova, Valérie Dashwood, Anne Duverneuil, Sarah Karbasnikoff, Stéphane Krähenbühl, Gérald Maillet, Ludovic Parfait Goma, Mathias Zakhar

 

 

Durée : 1 h 30

Horaires 15 h ou 20 h selon les jours de représentation

Amplification sonore sur l’ensemble des représentations

Représentation en audiodescription : dimanche 16 octobre à 15 h

 

 

Théâtre de la Ville de Paris / Espace Cardin

1, avenue Gabriel

75008 Paris

 

Réservations : 01 42 74 22 77 de 11 h à 19 h du lundi au samedi

www.theatredelaville-paris.com

 

Une première version a été créée au Musée d’Orsay le 8 juillet 2021, en lien avec l’exposition « Les origines du monde, de l’invention de la Nature au XXIe siècle ».

 

 

Be Sociable, Share!

comment closed