ƒƒƒ article de Nicolas Brizault

© Christophe Raynaud de Lage

 La toute première chose à dire au sujet de VxH – La Voix Humaine, de conseiller au public, ce serait de se placer juste sous cette plaque de verre miraculeuse, suspendue à quelques mètres du sol, et au milieu, pour saisir au mieux et dans son entier le jeu d’Irène Jacob, le sens donné et voulu de cet « évènement », de ces « moments » parfois secs, toujours douloureux, répétés. Le texte n’est pas forcément nécessaire, Cocteau est loin et complètement présent à la fois. Les mouvements vus de dessous donnent une troisième dimension au jeu d’Irène Jacob, nous sommes en plein dans les excès, les mensonges, les regrets de cette femme, et parfois l’éventuelle crainte perçue de l’amant éloigné. De bas en haut, sur les côtés, au milieu, derrière et loin. Pas forcément la peine de regarder tout le temps, de se tordre la tête, la voix et l’écho des mouvements sont là.

Le corps d’Irène Jacob crie, pleure et résiste. Il nous offre à comprendre ce que cette femme vit. La mort, la vie, l’amour, un désordre défiguré. Les mensonges invisibles apparaissent. Cette femme roule, tourne, cherche parfois le vide. Elle se ment à elle-même tant elle cherche à retrouver un homme. Perdue et dominante. Elle s’offre, tance, crie que tout est fini, et nous voyons tout d’en bas, voisins indifférents ou l’oreille collée au plafond transparent. Comment savoir ? Tout est possible. La superbe chorégraphie mène le jeu. Mensonge, indifférence ou souffrance véritable ? Le corps et son mouvement, le corps qui ne comprend plus, qui épouse les cris, la voix déchaînée. Tout ça qui ne fait plus l’amour, en pleine nuit. Et le public dans cette fameuse troisième dimension, qui est enchaîné lui aussi, petit à petit. Le public qui se perd, croit s’en foutre parfois, se dit qu’il a mal au dos ou que son voisin est bien joli. Cela dure très peu, et Irène Jacob ligotée, son ex au téléphone, jouant avec ses chaussures à talons, le rappelle subitement, le gifle, sa voix mouvante est là sans cesse elle, et tente le tout pour le tout.

Un peu de temps sous Irène Jacob suspendue et l’on sort de là perplexe : très amoureux ou suspendus nous aussi.

VxH – La Voix Humaine, de Roland Auzet
D’après Jean Cocteau, La Voix Humaine

Conception, musique, scénographie et mise en scène Roland Auzet
Avec Irène Jacob

Collaboration artistique et chorégraphie  Joëlle Bouvier
Réalisation informatique musicale Ircam  Daniele Guaschino
Création lumières  Bernard Revel
Régie générale  Jean-Marc Beau

Du 7 au 10 juin 2018 à 20h00
Durée 1h

Le CENTQUATRE-PARIS, salle 400
5 rue Curial
75019 Paris
T+ 01 53 35 50 00

billetterie.104.fr
www.104.fr/informations-pratiques.html
Métro Ligne 7
Station Riquet
Bus 54, 60 Stations Crimée, Curial
RER E, T3b Rosa Parks

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