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Une vie allemande de Christopher Hampton, mise en scène de Thierry Harcourt, Théâtre de Poche, Paris

Sep 13, 2021 | Commentaires fermés sur Une vie allemande de Christopher Hampton, mise en scène de Thierry Harcourt, Théâtre de Poche, Paris

 

© Lot

 

ƒƒ article de Corinne François-Denève

A 102 ans, Brunhilde Pomsel, ancienne secrétaire de Goebbels, évoque ses souvenirs devant des journalistes viennois. Ces trente heures d’entretien deviennent un documentaire de près de deux heures, intitulé Une vie allemande. A son tour, le dramaturge Christopher Hampton taille dans ces confessions pour en faire jaillir un monologue théâtral, que Dominique Hollier a traduit et adapté pour la petite scène du théâtre de Poche.

Frau Pomsel a côtoyé le monstre, dont elle a exécuté les menues tâches bureaucratiques. Elle a été un petit rouage de la « banalité du mal ». Le grand âge venu, doit-elle assumer une part de responsabilité ? Se sent-elle coupable ? Brunhilde Pomsel, plus que centenaire, a une solution organique à ce dilemme philosophique et moral : il sera difficile de situer une mémoire de ce passé nazi, car sa mémoire la fuit. Elle ne se souvient plus très bien…

A Londres, la grande Maggie Smith avait prêté sa voix à Madame Pomsel. En France, la tâche en est dévolue à Judith Magre. Avec elle, c’est aussi une mémoire des planches qui se donne à voir et entendre dans la salle du Poche, où elle est assise à un bureau, à feuilleter des carnets, à regarder de vieilles photos, dans une ambiance cosy, façon « conversations dans un fauteuil » ou « confidences au coin du feu ». Mademoiselle Magre n’est plus très jeune non plus, et sa fragilité rejoint celle de son personnage. Comment incarner, pour une actrice, un personnage à trous de mémoire ?

Pendant une heure vingt-cinq, Judith Magre égraine les souvenirs de Frau Pomsel. Elle les débite tantôt d’une voix précipitée, quand ils se bousculent ; tantôt elle hésite, et semble trébucher sur un pan sombre de sa mémoire. Le trajet dans le siècle du personnage est fascinant, et son incarnation, par Judith Magre, le rend encore plus troublant. Elle seule sans doute peut, d’une voix mutine, reprendre des propos qui parfois font frissonner.

 

© Lot

 

 

Une vie allemande de Christopher Hampton

tiré de la vie et des témoignages de Brunhilde Pomsel

Adaptation Dominique Hollier

Mise en scène Thierry Harcourt

Assistante à la mise en scène Stéphanie Froeliger

Musique et univers sonore Tazio Caputo

Lumières François Loiseau

 

Avec Judith Magre

 

Du mardi au samedi 19 h, dimanche 15 h

Durée : 1 h 25

 

Théâtre de Poche

75 bd du Montparnasse

75006 Paris

01 45 44 50 21

www.theatredepoche-montparnasse.com

 

 

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