© Domizia Tosatto Cie Scènes

ƒ article de Victoria Fourel

Joseph K. erre de détour en détour dans un monde hostile, à la recherche de réponses. De quel mal est-il atteint ? Pourquoi veut-on l’examiner ? Y a-t-il des choses que l’on ne nous dit pas ? Plus rien n’est sûr dans cette perte de repères d’un personnage face à un univers broyeur d’hommes.

Underground fait partie de ces spectacles dont on a bien du mal à parler. Parce que complexe, parce que complet. Et aussi parce que la prouesse technique est telle, qu’il est très difficile d’en faire une juste critique. En chercher les défauts sans en diminuer les intérêts, voilà la difficulté.

C’est tout d’abord une expérience scénique particulière que nous propose Philippe Vincent. Dans une partie, vous y verrez du jeu live, avec un tournage et un montage en direct. Dans l’autre, vous assisterez à la projection du film que vous venez de voir tourner. Mettant en lumière tous les métiers de l’image, ceux qui nous restent invisibles à l’écran, et tout l’artisanat, tout le savoir que nécessite un tournage, c’est une plongée dans la créativité et dans le modelage de l’œuvre. Et ça, c’est un vrai moment d’apprentissage, de découverte, et un vrai défi scénique.

Mais face à cette envie de base, se pose la question de l’objectif. Si l’objectif est de relever ce défi, quel qu’en soit le résultat, c’est réussi. Même chose en ce qui concerne l’aspect pédagogique qui répond aux questions d’un public qui parfois se demande bien comment on arrive à faire tout ça. En revanche, c’est le visionnage qui pose problème. Un peu long, le produit fini reste celui d’une performance en direct. On y voit donc les petits soucis techniques, les détails pas calés, les perruques mal ajustées ou les écarts de jeu par exemple. Et alors, même si on est bien face au résultat d’un tournage, on n’est pour autant pas face à un résultat « montrable » en l’état.

On est donc infiniment touché et admiratif de la performance en elle-même, du rôle de chaque technicien, de la concentration que nécessite ce genre de travail, de la minutie des décors et des maquettes. Mais si l’on sort de ce versant making of très bien amené, on peut ne pas être embarqué par l’histoire, qui nous reste assez lointaine. C’est donc un spectacle réellement troublant, qui peut fasciner comme laisser assez froid. Un numéro d’équilibriste, où chacun pourra se poser la question : le fait de réussir à mener cette performance suffit-il à faire de cette performance un spectacle réussi en tant que tel ?

© Domizia Tosatto Cie Scènes

Underground, de Philippe Vincent

Partition cinématographique Philippe Vincent

Création sonore et musicale Alwynne Pritchard et Thorolf Thuestad

Chef opérateur cinéma Pierre Grange

Costumes Cathy Ray

Monteur live Baptiste Deyrail

Scénographie et décors Benjamin Lebreton et Jean-Philippe Murgue

Avec Mathieu Besnier, Estelle Clément-Bealem, Anne Ferret, Bob Lipman, Alwynne Pritchard, Thorolf Thuestad, Philippe Vincent, Ophelia Llorens-Cornet, Léna Pignarato-Vergne, Youssouf Aboubacar Adam

Du 2 au 5 avril 2019, à 20h

Durée 2h30 (avec un changement de salle)

Théâtre Nouvelle Génération
23 rue de Bourgogne

69009 Lyon

Réservation au 04 72 53 15 15

www.tng-lyon.fr

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