Critiques // « Un jour » de Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre au Théâtre de la Cité Internationale

« Un jour » de Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre au Théâtre de la Cité Internationale

Oct 25, 2014 | Commentaires fermés sur « Un jour » de Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre au Théâtre de la Cité Internationale

article d’Élise Regnier

g_TCI14FurlanRibaupierre04c© Pierre Nydegger et Laure Ceillier

Un duo d’acteur et une marionnette, probablement un mort, qui s’anime et parle de la mort. On trouve dès le début de « un jour » la forte empreinte des études anthropologiques de Claire de Ribaupierre. En effet, dans ce discours d’ouverture, nous sont exposées des problématiques concernant la mort, son processus, la manière dont elle est perçue et sa relativité. Le public rit de bon cœur sur ce sujet fondamental. Parler de la mort sérieusement en faisant rire le public. C’est l’ouverture de la pièce Un jour.
Très intéressantes, ces dix premières minutes sont de loin les meilleures du spectacle : surprenantes, dérangeantes, déroutantes et captivantes.

La pièce glisse ensuite vers un genre de chorégraphie non dansée, mimée plutôt où s’entremêlent agonies, cris et déplacements. Une danseuse de Butoh, danse japonaise qui permet de communiquer avec les forces cachées, participe à cet ensemble. La musique ultra répétitive évoque celle d’un battement de cœur, la vidéo projetée en fond visuel présente des fluides mouvants. Quelques variations ponctueront cette non-chorégraphie : une table autour de laquelle les personnages feront du spiritisme, un grand drap blanc sous lequel se glisseront les comédiens pour devenir des fantômes, une sorte de grande mariée qui s’envole avec une robe gigantesque de laquelle sortiront des personnages avec des crânes de mort.

Ni mort ni vivant
C’est alors que prend forme cet univers onirique et angoissant où le vivant et le mort ne se distinguent plus très bien. L’absence est omniprésente, notamment par le biais de chaises vides, qui effleurent le sol. Elles soulignent la présence de ceux qui ne sont plus là mais qui continuent d’habiter ceux qui sont là. Il ne s’agit pas de fantômes dans leur existence propre. Un jour parle des vivants qui font vivre les morts, créant un monde entre deux, ou l’on cohabite, un genre de purgatoire mental.
Les personnages semblent vivre des agonies qui se répètent. Mais souffrir et mourir se ressemblent parfois. Dans le deuil, celui qui souffre meurt un peu au monde vivant pour rejoindre l’intime, le lieu de la communion avec le mort.
Sans interaction, les personnages sur scène sont seuls face à la mort ; peut-être pourtant vivent-ils le même deuil mais la perte d’un être cher est bien un moment personnel que les mots appauvrissent.

Scéniquement peu attrayant, sans couleur, blanc et sombre, ce spectacle présente de réelles longueurs et une série de clichés communs pour parler de la mort.

Un jour
De Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre,
Mise en scène Massimo Furlan
Dramaturgie Claire de Ribaupierre
Assistant à la mise en scène Laurent Gachoud
Scénographie Massimo Furlan
Avec Diane Decker, Anne Delahaye, Pierre-Olivier Dittmar, Massimo Furlan, Sun-Hye Hur, Gianfranco Poddhige, Stéphane Vecchione

Du 16 au 18 octobre 2014
Jeudi 16 et vendredi 17 octobre – 20 h
samedi 18 octobre – 19 h

Au Théâtre de la Cité Internationale
17 boulevard Jourdan 75014

www.theatredelacite.com

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