© Pascal Victor/ArtcomPress
ƒƒƒ article d’Isabelle Blanchard
Les deux comédiens entrent en scène, se placent, la lumière s’éteint puis se rallume, ainsi nous convie Jean Bellorini à une plongée dans l’œuvre de Marcel Proust et l’on comprend immédiatement que sa lecture sera intime. Et en effet Jean Bellorini choisit les extraits relatant les souvenirs de l’auteur avec sa mère et sa grand-mère.
Au plateau trois espaces bien distincts sont présentés, un avant-plateau où les personnages sont invités à se souvenir de leur enfance, une pièce en suspension emplie de papiers représentant la chambre dans laquelle Proust s’est enfermé pour écrire et enfin le plateau empli d’un grand nombre (une centaine) de chaises en bois et paille évoquant ces espaces vides dans notre être, notre mémoire, laissés par nos êtres chers disparus ainsi que nos souvenirs oubliés. Les acteurs, tournent autour, remontent, traversent le plateau devenu mémoire justement. Un plateau si imposant qu’il empêche parfois les sensations d’affleurer chez le spectateur en étant l’opposé exact de la volonté d’intimité recherchée par le metteur en scène.
L’écriture de Proust est là aussi fine, ciselée, précise et évocatrice de sentiments et de sensations. Les deux comédiens, qui ont participé à l’adaptation sont exceptionnels. Camille de la Guillonière incarne et nous livre un Proust adulte et aussi enfant. Un enfant tel qu’imaginé. À travers la lecture et on y croit. Hélène Patarot, toute en nuance et profondeur nous relate sa propre enfance, sa fuite d’Indochine et les années qui suivirent, passées dans le Berry. Les deux enfances se font ainsi écho de manière troublante. La mémoire est sollicitée, elle rejaillit et donne au présent une teinte mélancolique. L’humour jaillit aussi, des rires fusent lorsque les souvenirs se font cocaces.
La musique est en direct grâce au guitariste Sébastien Trouvé qui instille de douces mélodies entre les dialogues et enregistrée avec notamment Avec le temps de Léo Ferré mais aussi des espaces sonores qui nous emporte vers des lieux champestres.
C’est une douce et tendre invitation à la mélancolie. Une amorce à une réflexion sur notre manière de vivre, survivre à la perte d’un être cher, et aussi au deuil d’une époque révolue.
© Pascal Victor/Artco
Un instant, mise en scène de Jean Bellorini
Avec Hélène Patarot, Camille de La Guillonnière
Musicien Jérémy Peret
Adaptation Jean Bellorini, Camille de La Guillonnière et Hélène Patarot
Scénographie et lumière Jean Bellorini
Costumes et accessoires Macha Makeïeff
Création Sonore Sébastien Trouvé
Assistanat à la scénographie Véronique Chazal
Du 14 novembre au 2 décembre 2018
Du lundi au samedi à 20h, le dimanche à 15h30
Durée 1h45
Théâtre Gérard Philipe CDN
59, boulevard Jules-Guesde
93 207 Saint-Denis Cedex
Réservation par téléphone : 01 48 13 70 00
Par mail : reservation@theatregerardphilipe.com
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