À l'affiche, Critiques // Trois Grandes Fugues, chorégraphie de Lucinda Childs, Anne Teresa De Keersmaeker et Maguy Marin, au Théâtre Naterre-Amandiers.

Trois Grandes Fugues, chorégraphie de Lucinda Childs, Anne Teresa De Keersmaeker et Maguy Marin, au Théâtre Naterre-Amandiers.

Déc 23, 2016 | Commentaires fermés sur Trois Grandes Fugues, chorégraphie de Lucinda Childs, Anne Teresa De Keersmaeker et Maguy Marin, au Théâtre Naterre-Amandiers.

ƒƒ article de Jean Hostache

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© Jaime Roque de la Cruz

Voici un exercice de style intéressant qui nous est proposé. Répéter à trois reprises pendant la soirée, cette Grosse Fugue de Beethoven dans sa complexité musicale interpelle encore aujourd’hui la création chorégraphique. Trois chorégraphes majeurs – que sont Lucinda Childs, Anne Teresa De Keersmaeker et Maguy Marin – s’en emparent dans des écritures radicalement différentes, nous proposent leur regard et leur sensibilité portés à cette même musique, et nous la font redécouvrir et réécouter singulièrement pour le temps d’une soirée.

La première à ouvrir le bal n’est autre que Lucinda Childs. Une composition géométrique pour douze danseurs de l’Opéra de Lyon. Childs vient ici jouer sur la répétition des motifs musicaux et son architecture d’empilement, pour le traduire dans une syntaxe chorégraphique aux lignes droites qui tranchent l’espace. Six couples divises les danseurs, dont les figures et la virtuosité marquent leur variation. Une chorégraphie néanmoins très académique pour une création 2016 qui interroge le renouvellement des formes dansées à ce jour.

La seconde fugue de la soirée, Die Grosse Fugue, c’est Anne Teresa De Keersmaeker et c’est peut-être celle où l’on comprend le plus l’architecture musicale qui se dessine dans l’œuvre de Beethoven. On connaît bien la sensibilité et la relation chirurgicale de Keermaeker entre la danse et la musique. On le ressent ici avec force. Son travail de musicalité des corps en mouvement et sur la rythmicité au centre de la direction du danseur, est profond. Les chutes et les sauts sont nombreux, la vélocité des interpètes est troublante, et on ressent une énergie de leur part qui ne cesse d’avancer et de grandir tout au long de la musique, éveillant des forces étranges et toutes aussi grandissantes chez le spectateur.

La clôture se fait par Maguy Marin, et quelle belle fin ! Des trois essais de style qu’on nous présente, c’est sa version marginale et puissante qui nous aura le plus séduit. Quatre femmes au plateau dans une dernière fugue effrénée ou la danse est ici une survit et une urgence. Une gestuelle au féminin qui explore leur similitude, mais autorise surtout la recherche du singulier et de l’identité plurielle. Une recherche faisant de sa chorégraphie une danse vivante et connectée au réelle.

Une soirée en somme intéressante dans sa construction, permettant de ressentir une même musique selon des interprétations très diverses. Une soirée qui reste néanmoins progressive en intensité avec la proposition de Maguy Marin qui apparaît comme le point culminant et le clou du spectacle.

Trois Grandes Fugues
GRANDE FUGUE
Chorégraphie Lucinda Childs
Assistante Caitlin Scranton
Musique Beethoven, Die Grosse Fuge op.133
Scénographie, lumières et costumes Dominique Drillot

DIE GROSSE FUGUE
Chorégraphie Anne Teresa De Keersmaeker
Musique Beethoven, Die Grosse Fuge op.133
Mise en scène Jean-Luc Ducourt
Décors et lumières Jan Joris Lamers
Costumes Ann Weckx

GROSSE FUGUE
Chorégraphie Maguy Marin
Musique Beethoven, Die Grosse Fuge op.133
Costumes Chantal Cloupet
Lumières François Renard

Du 15 au 17 décembre 2016

Théâtre Nanterre Amandiers
7 avenue Pablo-Picasso – 92022 Nanterre Cedex
RER A – Nanterre-Préfecture
Réservation 01 46 14 70 00
www.nanterre-amandiers.com

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