© Marteen Vanden Abeele

ƒƒ article de Hoël  Le Corre

Compagnie invitée par l’Opéra de Paris, les belges du Peeping Tom nous hypnotisent avec Triptych : The missing door, The lost room and The hidden floor. Entre danse et théâtre, les huit interprètes sont plongés dans des tableaux hallucinatoires, imprégnés d’une ambiance cinématographique allant des films d’horreur à Inception… Un huis clos en forme de cauchemar éveillé.

Dans le décor réaliste et chic d’une sorte de paquebot à la dérive un couple semble tout autant pris dans des flots tourmentés. L’homme tente difficilement de calmer sa femme aux prises avec la folie, les fantasmes. Ses démons, sous les traits des autres danseurs, jaillissent de toutes parts : des placards hantés, des innombrables portes, des murs, du lit conjugal. Dans un tournoiement de corps virevoltants, ils occupent tout l’espace physique et mental, appuyés par des éléments naturels déchainés, faisant claquer portes et fenêtres et ravageant l’intérieur cosy de vents violents, jusqu’à inonder littéralement la scène.

La mise en scène est en cela remarquable, mystérieuse, déroutante. Un rythme effréné s’empare des mouvements et les rend presque surréalistes. Entrecoupées d’arrêts sur image saisissants, les chorégraphies intenses soulignent la douleur et l’étrangeté des situations sorties tout droit de l‘esprit dérangé de cette femme malade. Les corps s’entremêlent dans des danses sensuelles, voire carrément sexuelles, se déchirent en soubresauts insensés et se froissent face aux tornades extérieures. La maîtrise et la force de ces corps aux muscles saillants n’a d’égale que cette souplesse et cette fluidité qu’on ne peut qu’admirer.

Dans cette ambiance sombre et désarçonnante, on regrettera peut-être une certaine redondance des chorégraphies et un brin de clichés, donnant par exemple à quasiment toutes les femmes (à l’exception peut-être de la femme de ménage) la même corporalité. Mis à part quelques effets assez magiques, la tête d’une femme détachée de son corps ou un chiffon se mouvant par lui-même par exemple, on aurait aimé être parfois plus surpris. Au final, ce sont surtout ces corps virtuoses qui subjuguent et donnent à ce Triptych sa force.

© Marteen Vanden Abeele

Triptych : The missing door, The lost room and The hidden floor, par la Compagnie Peeping Tom

Concept et mise en scène : Gabriela Carrizo and Franck Chartier

Performance : Konan Dayot, Fons Dhossche, Lauren Langlois, Panos Malactos, Alejandro Moya, Fanny Sage, Eliana Stragapede, Wan-Lun Yu

Assistance artistique : Thomas Michaux

Dramaturgie sonore : Raphaëlle Latini

Composition sonore et arrangements : Raphaëlle Latini, Ismaël Colombani, Annalena Fröhlich, Louis-Clément Da Costa, Eurudike De Beul

Conception lumières : Tom Visser

Conception décors : Gabriela Carrizo, Justine Bougerol

Costumes : Seoljin Kim, Yi-chun Liu, Louis-Clément Da Costa

Confection costumes : Sara van Meer, Lulu Tikovsky, Wu Bingyan (stage)

Coordination technique : Giuliana Rienzi, Pjotr Eijckenboom (creation)

Techniciens : Bram Geldhof, Ilias Johri (lumières), Tim hielemans/Jonas Castelijns (son)

Régisseur de plateau : Thomas Dobruszkes (régisseur), Clement Michaux, Kato Stevens (assistants plateau)

Stage production : Lisa Gunstone, Robin Appels

Basé sur Adrift, créé avec les danseurs de NDT I: Chloe Albaret, Lydia Bustinduy, César Faria Fernandes, Fernando Hernando Magadan/Spencer Dickhaus, Anna Hermann, Anne Jung, Marne Van Opstal, Roger van der Poel, Meng-ke Wu, Ema Yuasa/Rena Narumi, avec assistance artistique par Louis-Clément Da Costa, Seoljin Kim et Yi-Chun Liu.

Durée : 2h (avec entracte 20 min)

Du 7 au 11 juin 2023
du mercredi au samedi à 20h, dimanche à 14h30

Opéra de Paris / GarnierPlace de l’Opéra

75009 Paris
Réservations : 01 71 25 24 23

www.operadeparis/fr

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