© Pauline Le Goff
Article de Ducrot Numina
Tigrane 17 ans, élève compliqué et indomptable, s’essaye à trouver son exutoire à travers l’arts, à travers le regard de sa professeure dont il tombera amoureux. Cependant il comprend rapidement qu’il ne fait pas partis de ces privilégiés pour qui tout s’offre. Le jeune homme disparaît. Alors s’ouvre une enquête ou nous essayons de recréer ensemble le chemin tortueux de cet élève
Le texte de J. Barcilon découle d’un puissant sentiment d’incompréhension face à notre société et au système scolaire (notamment pour les écoles artistiques) élitiste. L’histoire commence bien avant celle de Tigrane. Une jeune fille de 15 ans venant d’une famille instable se suicide après l’annonce de son redoublement. En partant de cette histoire, l’auteur créer Tigrane et tend à donner la parole à tous ceux qui on subit des injustices scolaires.
Pourquoi aller au théâtre ? Pourquoi ne pas aller au cinéma ? Qu’est ce qui dans le théâtre nous fait vibrer ? Quelle est cette chose dans le théâtre de si particulier qui fait l’essence même de cet art ?
A chaque représentation, chaque soir le théâtre assiste à son propre procès, se défend avec ses armes pour prouver sa légitimité, sa force et son importance au seins de notre civilisation. Civilisation engloutis dans une énergie anthropophage et chronophage qui nous aliène de toutes sensibilité ou même sensations. Je suis viscéralement convaincue qu’il n’y a que le théâtre pour suspendre le temps, le rendre palpable et nous le faire vivre de la manière la plus intense. Cependant ici le temps s’étire et semble se tordre sur lui-même.
En effet Jalie Barcilon a choisi le théâtre comme médium en empruntant un prisme d’esthétisme cinématographique. Les images semblent dévorer les corps des comédiens. Ici nous ne pouvons prendre le temps d’observer les corps qui souffre, se tordent, vivent et nous bouleversent de par leurs seule présence scénique et organique mais pour regarder des images. Des images bien ficelées techniquement qui ne laissent pas de place à l’imagination. Tout est millimétré, pensé, exécuté voir chronométré de manière prévisible et assez sage. Il n’y a qu’une dimension possible dans laquelle les personnages évoluent, tout nous est donné et expliqué. La dynamique du spectacle s’essouffle et ne trouve pas de progression.
Néanmoins une certaine naïveté et beauté se dégagent de cette forme. L’histoire pourrait s’apparenter à un conte des temps modernes. Et soudain l’immersion des spectateurs, les jeunes comédiennes-élèves et complices de la pièce amènent de véritable imprévus et rencontres, on aiguise alors notre écoute et nos sens. On se tend sur nos sièges et on offre une écoute bienveillante.
Par ailleurs la prestance de chaque comédien est indiscutable et hypnotisante. De plus la volonté et le sujet qu’aborde Jalie Barcilon ne peut être que respectés et félicités. En écho à cette bataille nous pouvons citer Laurent Terzieff : « Faire du théâtre, c’est se mettre à l’écoute du monde, pour en être la caisse de résonance« .
Tigrane, écrit par Jalie Barcilon
Mise en scène par Jalie Barcilon
Lumières Jean-Claude Caillard
Avec Eric Leconte, Soulaymane Rkiba et Sandrine Nicolas
Collaboration artistique Sarah Siré
Scénographie et dessin Laura Reboul
Création Sonore Sophie Berger
Création Costume Alexandre Chagnon
Regard Chorégraphique Thomas Chopin
Régie Générale Charlotte Poye
Production Compagnie Lisa Klax
Coproduction Saison culturelle de Bayeux, L’Estran Guidel, Prix Lucernaire Laurent Terzieff-Pascale de Boysson 2018, reseau « La vide devant soi »
Partenaire SACD – Société des Auteurs et compositeurs Dramatiques
Coréalisation Théâtre Lucernaire
Du 23 Octobre au 8 Décembre 2019
Théâtre du Lucernaire
53 rue Notre-Dame-Des-Champs
75006 Paris
Réservation 01 45 44 57 34
www.lucernaire.fr
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