© Todd Macdonald

ƒƒƒ article d’Emmanuelle Saulnier-Cassia

Vous avez toujours rêvé de danser avec la Hofesh Shechter Company ? Le chorégraphe israélien vous le permet dans son Theatre of Dreams…

Mais ce moment de liesse et de partage avec les 13 danseurs de la compagnie est assez court et ne conclue pas la pièce à la différence de G.R.O.O.V.E de Bintou Dembélé, donné l’année dernière en ouverture du Festival à l’Opéra Grand Avignon et qui laissait repartir les spectateurs dans les rues avec jubilation. Ici la jubilation est toute relative, tout comme le rêve qui semble souvent virer au cauchemar.

Ce sont des visions qui sont proposées, lesquelles se succèdent parfois de manière qui paraît désordonnée ou répétitive, interrogeant même sur la construction de la pièce, où la profusion et le rythme effrénés donneraient presque le vertige, produisant presque le décrochage, ce qui est toutefois en cohérence avec ce monde des rêves ou du subconscient.

Mais il est impossible de décrocher vraiment tant on est subjugué du début à la fin par la technicité et l’énergie des danseurs. On se demande même comment chacun d’entre eux peut, à ce degré d’intensité, offrir ses tripes à un tel niveau chaque soir. Chacun avec ses spécificités, son physique, sa technique. Les coudes ne sont pas forcément relevés à la même hauteur, mais tout est à la fois maîtrisé et harmonieux, rien ne nuit jamais à l’ensemble car chaque composante du groupe est dans la recherche de la perfection du geste. Il suffit de se concentrer par séquence sur chaque danseur successivement, qu’il danse un solo, un duo ou soit en groupe pour en être ébouriffé, qu’il soit tout habillé, en train de se déshabiller en courant sur place ou en se déplaçant, entièrement nu et le haut du corps voûté. La danse se fait épisodiquement très animale, mais aussi sporadiquement presque robotique, électrique, comme ce quintette sous des projecteurs croisés qui offre une scène de toute beauté. Tout semble faire sens dans cette frénésie, dans cette course contre la montre, qui semble lutter contre les forces du mal de ce monde dont on ne sait s’il est diurne ou nocturne. Des grondements organiques accompagnent le placement des spectateurs dans les gradins, (auxquels se succèdent des sons de la nature, des murmures de plaisir, des rumeurs de protestation à un niveau sonore pouvant justifier le port des bouchons d’oreilles distribués à l’entrée) s’ajoutent à la perception d’une soif insatiable, d’un feu inextinguible.

Les visions sont favorisées par une scénographie centrée sur un ballet très étonnant et magique de rideaux, qui se déplacent en tous sens, c’est-à-dire aussi bien de manière latérale et horizontale, qu’en diagonales, en front comme en fond de plateau, et permettent aussi grâce à l’impressionnant travail de lumière de Tom Visser, de former des séquences, donnant la sensation d’être intégré au mécanisme d’un appareil photographique, quand l’obturateur se resserre et permet en un temps record de capter la lumière nécessaire à la prise de vue…

Ce partage de plus d’une heure avec cette petite communauté humaine semble presque irréel quand on replonge dans le monde du dehors.

Theatre of Dreams : chorégraphie et musique d’Hofesh Schechter

Lumière : Tom Visser

Costumes : Osnat Kelner

Avec : Tristan Carter, Robinson Cassarino, Frédéric Despierre, Rachel Fallon, Cristel de Frankrijker, Mickaël Frappat , Natalia Gabrielczyk, Zakarius Harry, Alex Haskins, Yeji Kim, Keanah Faith Simin, Juliette Valerio, Chanel Vyent

Et les musiciens : Yaron Engler, Sabio Janiak, Alex Paton

Durée : 1h20

Le samedi 13 juillet 2024 à 17h

Le mercredi 17 juillet 2024 à 15h puis à 20h

Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt

2 Place du Châtelet

75004 Paris

www.theatredelaville-paris.com

Puis en tournée :

Maison de la Danse 

8 avenue Jean Mermoz, 69008 Lyon, du 27 novembre au 5 décembre 2024

Théâtre Les Gémeaux, Scène nationale-Sceaux

49 avenue Georges Clemenceau, 92330 Sceaux, du 17  au 19 décembre 2024

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