© Robbie Jack

ƒƒƒ par Florent Mirandole

Un jour, le photographe Loren McIntyre raconte à l’écrivain Petru Popescu, rencontré dans la ville brésilienne de Manaus, une histoire extraordinaire. Sa rencontre avec le peuple amérindien des Mayoruna, appelés aussi les hommes félins, nichés au cœur de l’Amazonie. Parfois la réalité surpasse l’imagination humaine, et l’écrivain roumain n’hésite pas à utiliser ce récit pour écrire une œuvre romanesque. Ce sera Amazon Beaming.

Voici comment le monde a connu l’histoire de Loren McIntyre. Reporter-photographe, obsédé par l’idée de faire la couverture de National Geographic, Loren McIntyre se fait déposer au milieu de l’Amazonie, dans la vallée du Javari. Il part alors à la rencontre des hommes-chats, tribu amérindienne, qu’il ne va pas tarder à rencontrer. Mais il va rester plus longtemps que prévu à leur côtés.

Le spectacle The Encounter n’est pas l’histoire de Loren McIntyre, mais celle de Simon McBurney racontant l’histoire du photographe. L’acteur et metteur en scène britannique aux manettes de cette pièce se présente aux spectateurs confortablement installé un soir dans son appartement londonien. C’est à partir de cet espace calme et apaisé que Simon McBurney va alors nous immerger au milieu des nuits humides et bruyantes d’Amazonie. Seule les quelques irruptions de sa fille au milieu du récit, réveillée par de « bad dreams », viendra nous rappeler l’illusion dans laquelle le metteur en scène nous emporte.

L’histoire de Loren McIntyre est suffisamment incroyable pour se suffire à elle-même. Rentré très tôt en contact avec les Mayoruna, le photographe va rapidement devoir se conformer à leur mode de vie pour survivre. Puis au fil de ses aventures, le photographe va entamer une remise en question spirituelle violente qui va l’amener au bord du précipice. La difficulté pour Simon McBurney était d’être à la hauteur de cette histoire extraordinaire. Comment apporter quelque chose de nouveau à un matériau aussi riche ?

La trouvaille de Simon McBurney est de nous murmurer cette histoire à l’oreille. Si Loren McIntyre utilisait les photos, Petru Popescu les mots, Simon McBurney utilise le son. Un casque directement relié à un micro planté sur la scène est fourni à chaque spectateur. Dès les premières minutes, ce dispositif se révèle particulièrement efficace pour nous plonger dans l’intimité du récit, d’autant plus que le metteur en scène multiplie les fausses pistes et les boucles sonores. Certains spectateurs se retournent croyant entendre des gens derrière eux. Puis très vite, nous devenons complètement dépendants de la voix de Simon McBurney. Alors nous avançons avec lui à tâtons sous la canopée, inquiets et fascinés à la fois, pour finir par plonger dans les tréfonds de l’Amazonie.

Ce dispositif s’avère particulièrement efficace pour nous faire partager les abymes dans lesquels le photographe plonge, déconstruisant un à un ses réflexes d’occidentaux, aidé en ça par la fièvre et les boissons hallucinogènes. Quelques effets visuels efficaces, au milieu de la scène particulièrement épurée, renforcent efficacement d’ailleurs ces scènes de démence. La pièce s’étire un peu en longueur dans les périodes fiévreuses, mais The Encounter reste une pièce aussi virtuose que fascinante.

Simon McBurney, en tant conteur enfiévré et père attentionné, s’avère un magnifique guide.

The Encounter [La Rencontre]
Un spectacle de Complicité / Simon McBurney
D’après Amazon Beaming de Petru Popescu

Avec Simon McBurney

En anglais, surtitré en français

Coréalisation Kirsty Housley
Collaboration à la mise en scène Jemima James
Scénographie Michael Levine
Son Gareth Fry, Pete Malkin
Lumière Paul Anderson
Vidéo Will Duke

Production Complicité
Coproduction Edinburgh International Festival, Barbican Centre – Londres, Centre culturel Onassis – Athènes, Schaubühne – Berlin, Théâtre de Vidy – Lausanne, Warwick Arts Centre
Avec le soutien du Cercle de l’Odéon

Théâtre de l’Odéon
Place de l’Odéon
75006 Paris

www.theatre-odeon.eu

Métro : Odéon
RER B : Luxembourg
Bus : 63, 87, 86, 70, 96, 58.
Parkings : rue Soufflot, Place St Sulpice, rue de l’Ecole de Médecine
Vélib’ stations 6028, 6017, 6016

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