À l'affiche, Critiques // The Day, de Lucinda Childs, avec Wendy Whelan et Maya Beiser, au Théâtre de la Ville-Espace Cardin

The Day, de Lucinda Childs, avec Wendy Whelan et Maya Beiser, au Théâtre de la Ville-Espace Cardin

Jan 27, 2020 | Commentaires fermés sur The Day, de Lucinda Childs, avec Wendy Whelan et Maya Beiser, au Théâtre de la Ville-Espace Cardin

 

 

 

© Nils Schlebusch

 

ƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia

The Day qui a été créé au Jacob’s Pillow Festival en juillet 2019, est donné pour la première fois en France, au théâtre de la Ville – Espace Cardin. Sur le papier, le spectacle a tout pour plaire : un projet de femmes aux grandes carrières, réunies pour un rendre hommage aux victimes du 11 septembre 2011, autour du compositeur David Lang.

Autant le dire d’emblée, il ne faut pas aller voir The Day avec l’idée de se rendre à un spectacle de danse, mais plutôt à une expression artistique pluri-disciplinaire en hommage aux victimes de l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center près desquelles David Lang et Maya Beiser travaillaient sur la pièce « World to come ».

Dans la première partie, « The Day », la violoncelliste Maya Beiser est juchée sur une estrade, côté jardin, au sommet d’un plan incliné, dans un ensemble pantalon blanc étincelant, tandis que côté jardin toute de blanc vêtue également, la danseuse Wendy Whelan enchaîne les pas répétitifs et géométriques qui sont la marque de fabrique de la chorégraphe souvent qualifiée de minimaliste (ce qui est sans doute réducteur) Lucinda Childs. Elles inversent leurs positions (jardin et cour) en noir cette fois, dans la seconde partie (« The World to come »).

Le blanc et le noir, l’avant et l’après, l’hymne à la vie, l’hymne à la mort.

À la différence de nombre de ses précédentes œuvres (dont l’hypnotique et mythique « Dance » sur la musique de Philip Glass, régulièrement présenté en France), The Day ne captive ni ne révulse, non pas parce qu’elle serait avant-gardiste comme certaines des pièces de Lucinda Childs qui en leur temps ont choqué, mais au contraire parce qu’elle est d’une certaine manière trop conformiste, voire prétentieuse. La danseuse Wendy Whelan qui s’est vu confier il y a moins d’un an la co-direction du New-York City Ballet où elle a dansé trente années durant a gardé une technique impeccable, mais les occasions lui sont peu souvent offertes de le montrer et elle ne convainc pas dans une chorégraphie qui ne la met pas vraiment en valeur, certainement moins à l’aise dans le style de Lucinda Childs que dans celui de Balanchine et peut-être embarrassée par les allers retours répétés de chaque côté de la scène pour saisir une baguette, un ballon-tête voilé de blanc, des cordes ou élastiques, pour enlever sa propre tunique et la remettre, qui s’avèrent lassants et assez vains… Si il n’y a rien à dire non plus de l’excellence technique de la violoncelliste Maya Beiser (qui joue parfois avec des accompagnements enregistrés), l’exploitation de sa beauté plastique, notamment par des vidéos de son visage sur l’écran placé en fond de scène, paraît déplacée. Les interactions visuelles entre les deux artistes sont rares et ne suscitent aucune émotion, ce qui est curieux s’agissant du moins de l’utilisation de l’instrument le plus proche de la voix humaine, mais aussi des intentions du projet.

Enfin, le message censé passer par les 300 phrases sélectionnées par David Lang sur internet commençant par « Je me souviens du jour où » (par exemple « j’ai décidé de me mettre moins la pression » ; « j’ai mangé épicé et ça m’a plu » ; « je suis allée à mon rendez-vous »…) prononcées en anglais (et traduite en français dans le document distribué en salle) en voix off toutes les 6 secondes de la première partie par Maya Beiser (principalement) s’avère stérile.

La vérité est que l’on s’est assez vite ennuyé devant un spectacle dont on attendait probablement trop.

 

The Day de Lucinda Childs

Musique et paroles David Lang

Décor Sara Brown

Costumes Karen Young

Lumières Natacha Katz

Projection Joshua Higgason

Son Dave Cook

Avec Wendy Whelan, danse

Maya Beiser, violoncelle et voix enregistrée

 

Du 24 janvier au 6 février 2020

À 20 h, le dimanche à 15 h

Durée 1 h

En anglais

 

 

Théâtre de la Ville – Espace Cardin

1 avenue Gabriel

75008 Paris

 

Réservation 01 42 74 22 77

www.theatredelaville-paris.com

 

 

 

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