À l'affiche, Critiques // Symphonia harmoniae caelestium revelationum, d’Hildegarde Von Bingen, conception de François Chaignaud et Marie-Pierre Brébant, MC93

Symphonia harmoniae caelestium revelationum, d’Hildegarde Von Bingen, conception de François Chaignaud et Marie-Pierre Brébant, MC93

Nov 13, 2019 | Commentaires fermés sur Symphonia harmoniae caelestium revelationum, d’Hildegarde Von Bingen, conception de François Chaignaud et Marie-Pierre Brébant, MC93

 

© Anna Van Waeg Rhok

 

 

ƒƒ article de Denis Sanglard

François Chaignaud n’est jamais vraiment là où on pourrait l’attendre. Et c’est bien. Ce performer, danseur, chanteur, transformiste parfois (chez madame Arthur pour des apparitions singulières) aborde avec la musicienne Marie-Pierre Brébant le répertoire d’Hildegarde von Bingen. Abbesse bénédictine, visionnaire, poétesse, musicienne, médecin, docteur de l’église et sainte. Symphonia harmoniae celestium revelationum regroupe l’ensemble des chants de cette mystique du 12ème siècle. Mais ce n’est pas dans une optique religieuse, catholique et hagiographique que ces deux-là traversent cette œuvre. Adaptée pour voix et bandura (instrument traditionnel ukrainien) c’est avant tout une interrogation sur le contenu musical et spirituel, voire charnel dans son rapport au divin. Performance austère par son dépouillement, il faut accepter de s’immerger totalement dans le chant mis à nu, dépouillé volontairement de toutes références. La traversée est longue, deux heure trente, mais l’expérience est dense qui demande il est vrai de lutter pour s’abandonner entièrement. Tout à la fois installation méditative de par son dispositif, on est en position d’être à demi-couché, confortables, eux dominent sur leur praticable, parfois s’en échappent, concert où la danse surgit parfois, libre et non préméditée, impulsée par le chant et la musique qui traverse, habite le corps de François Chaignaud. Un corps parfois qui semble s’effacer pour n’incarner que le chant, une voix, un appel tendu vers plus grand, plus haut que soi. Expérience radicale et immersive, troublante dans cette semi-obscurité, entre chien et loup. La présence magnétique et concentrée de Marie-Pierre Brébant ajoute au mystère de cette cérémonie, de ce rituel qui voudrait effacer au final toute incarnation pour n’être par le chant et la musique que sensation pure, une extase mystique. C’est ce processus-là qui est ici interrogé, cette capacité à l’abandon, à la possibilité de la désincarnation et cette élévation spirituelle par le chant qui mène à l’extase. On peut y être sensible comme totalement hermétique. Mais cette expérience-là, au risque de se perdre, vaut le coup d’être tenté.

 

© Charles-Alexandre Englebert

 

 

Symphonia harmoniae caelestium revelationum d’Hildegarde Von Bingen
Conception et interprétation François Chaignaud et Marie-Pierre Brébant

Chant et danse François Chaignaud
Bandura et adaptation musicale Marie-Pierre Brébant
Scénographie Arthur Hoffner
Création lumières Philippe Gladieux, Anthony Merlaud
Création et mise en espace sonore Christophe Hauser
Collaboration artistique Sarah Chaumette
Costumes Cedrick Debeuf, Loïs Heckendorn
Tatouages création Loïs Heckendorn
Tatouage impression Micka Arasco
Régie générale Anthony Merlaud, François Boulet
Prosodie latine Angela Cossu

 

 

Du 9, 10, 14, 15, 16 et 17 novembre 2019
A 20 h, samedi et dimanche à 17 h

 

 

MC93
9 boulevard Lénine
93000 Bobigny

Réservations 01 41 60 72 72
reservation@mc93.com

 

 

 

 

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