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Still Standing You, chorégraphie et danse de Pieter Ampe et Guilherme Garrido / Campo, Théâtre de la Bastille, Hors-série n°7 International

Fév 11, 2015 | Commentaires fermés sur Still Standing You, chorégraphie et danse de Pieter Ampe et Guilherme Garrido / Campo, Théâtre de la Bastille, Hors-série n°7 International

ƒƒ article de Denis Sanglard

 

© Phile Deprez

© Phile Deprez

 

La danse est un sport de combat ! Et si le terme de danse-contact peut s’appliquer aux deux gaillards qui investissent le plateau du Théâtre de la Bastille, il est un peu faible. Cela tient ici du pugilat furieux, de la scène de ménage dopée à la testostérone. Le choc des titans. Pas vraiment le format académique, hirsutes et barbus, ces deux-là s’aiment avec une passion dévastatrice. Et un humour ravageur. Les corps s’entrechoquent, se chahutent et chutent avec fracas. Ça fait crac et ça fait boum ! Il y a bien quelques mouvements de danses reconnaissables mais vite parodiés ou détournés. Il y a de superbes portés, audacieux même, hilarants toujours, qui finissent par s’effondrer, le corps soudain catapulté s’écrasant sur le plateau quand ce n’est pas sur les spectateurs. Ça s’empoigne sec. C’est fort, fort rude. Avant de s’embrasser ou s’empoigner brusquement avec une tendresse de nounours, étreinte qui se termine immanquablement par un étranglement sournois. L’amour vache… Et justement il y a une sacrée part d’animalité chez ces deux athlètes. De vraies bêtes ! Qui grognent, rugissent et se mordent. Point de discours, ou si peu, mais de vrais borborygmes. Ça peut sembler primaire mais c’est formidablement ludique. Et primaire, oui, aussi finalement. Quelque chose de profondément instinctif et jouissif, purement, joyeusement physique. Organique. Ils se lâchent véritablement. Et dans tous les sens du terme. Jusqu’à se mettre à poil et jouer sans fausse pudeur de leur sexe, arme de destruction passive, comme des gosses innocents. Car il y a bien aussi un côté sale gosse, celui de jouer à, à faire comme si, ce si magique qui vous métamorphose en T-Rex, en tigre féroce, en diable de Tasmanie.

Malgré tout il y a des moments après avoir rué où les corps éreintés s’embrassent, s’emboitent, s’empoignent avec une douceur, une intimité qui vous fait fondre. Ils s’épousent comme des gastéropodes hermaphrodites et ne font plus qu’un, qui clopinent ou roulent sur le plateau, étrange corps bicéphale, bête à deux dos à la sensualité irradiante. C’est une performance terriblement charnelle, puissante, organique. Car il faut les voir suer, baver, cracher, jouer de tout ça, les entendre ahaner comme des bûcherons, écouter le bruit mat des coups et des horions, de la chair amollie sur le plateau, du frottement des peaux et des poils de barbes qui crissent. C’est une danse sauvage et sensuelle et qui sans doute exprime le sentiment amoureux avec plus de poésie et d’humour qu’un discours sur le tendre.

 

Still Standing You
Chorégraphie et danse, Pieter Ampe et Guilherme Garrido / Campo
Dramaturgie Rita Natàlio
Regard extérieur Rita Natàlio et Louise Van den Eede

Jusqu’au 14 février 2015, à 21h

Théâtre de la Bastille
76, rue de la Roquette – 75011 Paris
Réservations : 01 43 57 42 14
www.theatre-bastille.com

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