ƒƒ article de Florent Mirandole
La dernière tournée de la Trisha Brown Dance Company, l’état de santé de la chorégraphe ne devrait pas lui permettre de continuer, n’est pas une tournée d’adieu. En choisissant de représenter 4 pièces très techniques, et pour certaines peu connues, la compagnie n’a pas choisi de séduire une dernière fois le public, mais plutôt de rappeler tout ce que la chorégraphe a apporté à la danse moderne. Au terme de ces 4 pièces, on est effectivement frappé par l’exigence technique que s’est imposée la chorégraphe. Son travail se révèle également particulièrement cohérent. C’est d’ailleurs une occasion rare d’observer en une seule soirée l’évolution d’une chorégraphe sur toute sa carrière. De 1976 à 2003, date des plus anciennes et plus récentes pièces représentées, les quatre pièces d’une grande exigence technique s’annoncent entre elles, s’emboitent, et souvent se complètent.
Ce qui frappe tout de suite, c’est la singularité de l’écriture chorégraphique. On pourrait parler d’une rigueur presque classique si les danseurs ne multipliaient pas les mouvements cassés, les gestes arrêtés ou les figures géométriques typiques de la danse post-moderne. En ça, la première pièce, « Solo Olos », semble incuber tout l’art de Trisha Brown. Dans un silence quasi total, quatre danseurs vêtus de blanc déploient l’art millimétré de Trisha Brown. Le mouvement est pur, les danseurs méticuleux. Il semble que cette première pièce soit l’acte fondateur du style de Trisha Brown à partir duquel la chorégraphe va par la suite multiplier les variations.
La deuxième pièce, créée 5 ans plus tard, reprend effectivement le ton de « Solo Olos ». La pièce, qui compte davantage de danseurs, est également accompagnée par une musique minimaliste. Il s’agit peut être de la pièce la moins accessible de cette soirée, tant la profusion d’éléments apparemment déconnectés finit par décontenancer le spectateur. Seuls quelques contacts furtifs entre les danseurs assurent que cette profusion fait partie d’un grand dessin. Après le duo plus sensuel de Rogues, on retrouve l’écriture un peu mécanique mais toujours aussi fluide de la chorégraphe dans la dernière pièce PRESENT TENSE. Dans un décor aux couleurs naïves appuyées, la troupe enchaine cette fois des mouvements plus collectifs, où chaque danseur occupe un rôle précis dans cette mécanique impeccable. Cette pièce écrite en 2003 renoue avec l’écriture un peu froide et technique de Solo Olos, tout en se révélant plus narrative.
En concluant cette soirée, elle témoigne bien de l’aboutissement de travail de recherche de la chorégraphe qui n’a jamais abandonné son souci d’exigence.
Solo Olos (1976)
Chorégraphie Trisha Brown
Lumières Hillery Makatura
Avec en alternance Cecily Campbell, Marc Crousillat, Olsi Gjeci, Leah Ives, Tara Lorenzen, Jamie Scott, Stuart ShuggSon of Gone Fishin’ (1981)
Chorégraphie Trisha Brown
Musique originale Robert Ashley
Lumières John Torres
Costumes Judith Shea
Avec Cecily Campbell, Olsi Gjeci, Leah Ives, Tara Lorenzen, Jamie Scott, Stuart ShuggRogues (2011)
Chorégraphie Trisha Brown
Assistante à la chorégraphie Carolyn Lucas
Musique originale Alvin Curran
Lumières John Torres / Costumes Kaye Voyce
Avec en alternance Cecily Campbell, Marc Crousillat, Jamie Scott, Stuart ShuggPRESENT TENSE (2003 – 20 min)
Chorégraphie Trisha Brown / Conception visuelle et scénographie Elizabeth Murray
Musique originale John Cage
Lumières Jennifer Tipton
Réinterprétation des costumes Elizabeth Cannon, d’après le concept original d’Elizabeth Murray
Avec Cecily Campbell, Marc Crousillat, Olsi Gjeci, Leah Ives, Tara Lorenzen, Jamie Scott, Stuart ShuggThéâtre National de Chaillot
1, place du Trocadéro – 75116 Paris
M° Trocadéro
Réservations 01 53 65 30 00
www.theatre-chaillot.fr
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