article de Camille Scordia

© Benjamin Lebreton

Entre la danse, le théâtre et le mime, Singspiele se présente plutôt comme une performance. Seul en scène, le comédien David Mambouch apparaît dévêtu, prêt à endosser de multiples rôles. Dissimulant son visage derrière des photos de personnes anonymes grandeur nature, son corps va prendre, au fil des changements de visages, s’adapter à chacun d’eux pour y correspondre. Ses postures, ses vêtements changent ainsi à chaque nouvelle figure, afin d’interpréter le corps qui lui est relié. Sur ce rythme effréné où les têtes défilent comme sur un écran de téléphone mobile, une composition musicale s’adapte aux variations de personnalités des visages. Les accents musicaux s’accordent ainsi aux visages. La performance démontre ainsi à quel point un visage contient un univers, un style, une ambiance et des attitudes corporelles bien déterminées. Elle relève l’étendue des signes corporels que nous offrons aux regards d’autrui, et qui viennent, avant le langage, parler de nous.

Si la performance que propose David Mambouch s’avère convaincante par son talent de mime et la richesse des variations de jeu, rien ne semble véritablement aller au delà du premier degré dans Singspiele. Aucune mise en scène, aucune symbolique ne se dégage du spectacle, le laissant rester au stade de l’illustration. Le spectateur assiste ainsi à la démonstration d’un comédien qui illustre, par son corps, la personnalité d’un visage, ou l’inverse. Peu à peu, le spectateur peut mesurer combien une attitude, une posture corporelle peut donner une allure différente à un même visage. Mais, le constat que nos mouvements nous définissent autant que nos visages passé, que reste t-il à comprendre dans Singspiele? C’est là que ressort un des principaux inconvénients de ce spectacle : la pauvreté de son propos, car rien ne semble être véritablement problématisé.

Le second manquement réside dans sa trame narrative. Dès les premières minutes, le spectateur peut facilement déduire tout ce qui va suivre. L’attente, la surprise font cruellement défaut, et l’on s’y ennuie sans modération. Malgré une qualité d’interprétation véritablement notable, l’absence de propos prive le spectacle de son intérêt dramatique.

Singspiele
de Maguy Marin, David Mambouch, Benjamin Lebreton
Conception : Maguy Marin
Interprétation : David Mambouch
Scénographie : Benjamin Lebreton
Régie générale : Rodolphe Martin
Lumières : Alex Bénéteaud
Création sonore : David Mambouch
Son : Antoine Garry
Aide à la réalisation des costumes : Nelly Geyres
Production déléguée : Extrapole
Spectacle créé au Théâtre Garonne, Toulouse.
Coproductions : Théâtre Garonne, Latitudes prod, Daejeon arts center, Marseille objectif DansE, Compagnie Maguy Marin, Ad Hoc, extrapole

Du 20 au 23 janvier à 20h30
Durée : 1h05

Centre Pompidou
Place George Pompidou
75004 Paris
Réservation 01 44 78 12 57
https://www.centrepompidou.fr/

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