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Silêncio, texte et mise en scène de Guilherme Gomes et Cédric Orain, Théâtre de la Tempête

Oct 17, 2021 | Commentaires fermés sur Silêncio, texte et mise en scène de Guilherme Gomes et Cédric Orain, Théâtre de la Tempête

ƒƒ article de Nicolas Brizault

Le silence semble vouloir retentir dans plusieurs spectacles présentés à Paris. Dans Silêncio, création bilingue franco-portugaise de Cédric Orain et Guilherme Gomes, un homme tente de trouver quelque part du vrai silence. Impossible chez lui, les voisins remuent, passent l’aspirateur, etc. Dans la rue c’est pire encore. Et en pleine campagne… le vent, les arbres, les oiseaux font la fête le plus simplement du monde. Au secours ! Ensuite, un gamin a décidé de ne plus parler, nulle part, ni chez lui, ni à l’école et sa mère surmultiplie, elle, les mots pour tenter de comprendre ce qui lui prend pour trouver une méthode la « voie » vers le retour à l’ordre. Le pourquoi devient de plus en plus douloureux et elle frôle l’hystérie devant son fils qui pourtant avait l’air tout à fait normal, bien élevé et pourtant se plonge tout seul dans une révolution muette. Dans le troisième « épisode » c’est un patron qui rend fous son personnel, habitué à des réunions, des vidéos conférences, et qui s’organise pour lutter contre ce mutisme qui les domine.

Cinq personnages vont mettre en place ces petites histoires. Seuls ou accompagnés, c’est selon, alternant le français et le portugais, avec les traductions un peu trop rapides ou mixées parfois. On s’y perd ici ou là, oui, mais le sens véritable ne se noie pas pour autant. Ces personnages évoluent dans un décor simplissime, blanc, des blocs déplacés à deux, pour s’assoir ici ou là. Une mode ça aussi mais qui fonctionne parfaitement dans Silêncio. Et parfois, le rideau blanc et transparent dissimulant à peine la scène au tout début revient, complètement ou non, donnant comme une image du silence, « voyez, c’est ça du silence ». Ces silences sont recherchés ou imposés, on veut lutter contre le bruit celui qu’on entend, celui qu’on fait. Ou celui qu’on entend plus, torture presque plus terrible.

Silêncio présente ce sujet avec ici légèreté et humour, ce qui l’emporte le plus souvent, là avec une force presque noire, soulignant la douleur qu’impose le bruit ou le silence. Des images – des images de silence, étrange – nous reviennent en tête, des envies. Une question aussi : ce silence est partout, silence sonore. Parfois il s’étend pour de vrai et nous écrase, nous surprend presque de sa beauté folle. Pourquoi pas un jeu ici avec le texte sur les écrans traducteurs simplement ? On parle du silence, en tentant de l’effacer un peu trop. C’est dommage. Un jeu parfait de cette belle équipe et qui pourrait c’est certain nous porter, même dans un mutisme plus fort. Pourquoi pas ? Le silence fait-il peur à ce point même dans un spectacle sur le silence ? Avait-on peur d’entendre les bruits du haras tout proche ? La construction du silence surprend. Oui, on le recherche ou on lutte contre. Mais montrez-le-nous un peu plus… Le bravo et un rien de dommage se nouent.