© Christophe Raynaud de Lage
ƒ article de Jean Hostache
Ambra Senatore nous propose un paysage chorégraphique fragmenté haut en couleur, attrapant à la volée les petites musiques qui font le quotidien.
A bien des égards, le spectacle assume entièrement l’analogie avec le montage cinématographique en train de se faire, sorte de making-off chorégraphique. Ce ton distancié et ironique, qui sculpte ici la scène, donne en toute logique le sentiment d’inachèvement et de quelques imperfections. Mais c’est cette fragilité-là qui fait pourtant tout l’humour de cette pièce. Un choix qui, sans se montrer comme tel, trouve pourtant une radicalité esthétique très forte. Une esthétique de l’imparfait qui comme la notion de banal et de quotidien, car c’est de ça qu’il s’agit dans Scena Madre, témoigne des absurdités de la vie et de son caractère parfois bien étranger.
Ambra Scenatore pense le mouvement selon des schémas simples et pourtant tout à fait dynamiques. Répétitions, contrepoints, fragmentations viennent construire l’architecture dramaturgique de ce spectacle, et permettent à la fois de grands écarts au discours tout comme des rapprochements complexes qui font jaillir le sens et bousculent la perception du spectateur. Ce qui est ici intéressant, c’est la notion de différence au sein même de la répétition. Dans le grand manège de la vie courante, en bon Sysyphe contemporain, nous répétons inlassablement nos coutumes familières. C’est de cette même façon que la chorégraphe imagine son spectacle, en descellant toute les variations singulières qui se glissent dans l’objet répété.
On parlera enfin de l’humour qui caractérise son écriture. On rit de bon grès car on reconnaît les choses, dans la mesure où c’est de nous dont on parle. Les petites actions anodines arrachées à la banalité du monde et poétisées par la danse font ici les grands sourires des spectateurs.
Scena Madre*
Chorégraphie Ambra Senatore
Musique Jonathan Seilman et Ambra Senatore
Lumière Fausto Bonvini
Costumes Louise Hochet
Regard extérieur Caterina Basso, Claudia Catarzi, Giuseppe Molino, Barbara SchlittlerAvec Matteo Ceccarelli, Lee Davern, Elisa Ferrari, Nordine Hamimouch, Laureline Richard, Antoine Roux-Briffaud, Ambra Senatore
Du 7 au 9 juillet 2017 à 18h et du 11 au 13 juillet à 22h
Gymnase du Lycée Mistral
20 boulevard Raspail, 84000 Avignon
Réservations au 04 90 14 14 14http://www.festival-avignon.com/fr/
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