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« Sans objet » d’Aurélien Bory, au Théâtre de la Cité Internationale, dans le cadre du festival Paris quartier d’été

Juil 19, 2015 | Commentaires fermés sur « Sans objet » d’Aurélien Bory, au Théâtre de la Cité Internationale, dans le cadre du festival Paris quartier d’été

ƒƒƒ article de Florent Mirandole

 

Crédit phot Aglaé Bory

Crédit phot Aglaé Bory

 

Au centre de la scène, deux yeux jaunes au bout d’un bras d’acier nous dévisagent. Le robot qu’Aurelien Bory a emprunté à l’industrie automobile pour construire son spectacle « Sans objet » adopte des attitudes étrangement humaines lorsqu’il n’est plus occupé à visser des boulons ou porter des châssis. Le chorégraphe n’a toutefois pas succombé à la tentation de l’utiliser pour dénoncer une guerre surannée homme/machine. « Les temps modernes » sont loin, et les robots ne sont plus ceux du temps de Chaplin. Ici Bory colle à son époque, et s’il faut lire dans « Sans objet » une vision de la société, c’est une société où les robots sont intelligents et dialoguent avec les hommes. Les mouvements esquissés avec les deux danseurs Olivier Alenda et Olivier Boyer donnent ainsi l’impression que l’homme s’adapte à la machine autant que la machine à l’homme.

Ce qui a intéressé le chorégraphe ici, c’est la possibilité de créer une nouvelle esthétique avec cette machine. Bien entendu sa capacité à déplacer au millimètre près 50 fois son poids sans une goutte de sueur demeure fascinante, et l’on reste admiratif lorsque la machine déploie sa puissant pour se dresser au milieu de la scène revêtue d’une simple bâche noir brillante. Mais « Sans objet » va plus loin que la simple recherche du spectaculaire. Le dialogue chorégraphique entre les danseurs et la machine crée des situations très intrigantes. Essayant d’abord de se caler sur le rythme mécanique, les deux danseurs finissent par entamer un semblant de pas de deux avec la machine. Le ton est juste, et souvent amusant. Il n’en demeure pas moins qu’une pointe d’inquiétude subsiste devant cette masse d’acier dansante. Antithèse du HAL de « 2001 l’odyssée de l’espace », dont l’influence est toutefois revendiquée par le chorégraphe, le robot n’en demeure pas moins une machine aux performances inhumaines.

Le spectacle finit malheureusement par tourner un peu en rond, Aurélien Bory semblant ne plus savoir comment exploiter le potentiel de sa machine. Si les pitreries des deux danseurs autour des planches en suspension sont amusantes, elles renvoient la machine à ses seules performances herculéennes. Heureusement le final nous plonge à nouveau dans un univers géométrique et lumineux spectaculaire, si caractéristique du chorégraphe. Alors qu’une simple bâche se dresse devant le 4ème mur de la scène, une série de coups sonores finit par la transpercer et laisser ainsi passer des rayons lumineux. L’atmosphère créée dans le théâtre est alors à couper le souffle. On reste ébahis comme des enfants devant les prouesses de ce robot à la force si tranquille.

 

Sans objet
Conception, scénographie et mise en scène Aurélien Bory
Pilote – programmation robot Tristan Baudoin
Composition musicale Joan Cambon
Création lumière Arno Veyrat
Conseiller artistique Pierre Rigal
Assistante à la mise en scène et costumes Sylvie Marcucci
Sonorisation Stéphane Ley
Costumes Sylvie Marcucci
Décor Pierre Dequivre
Avec Olivier Alenda et Olivier Boyer

Du 14 juillet au 2 août 2015
Du mardi au samedi (sauf le mardi 21 juillet) à 20h30
Le dimanche à 17h

Théâtre de la Cité internationale
21, Boulevard Jourdan – 75014 Paris
Réservation 01 43 13 50 50
www.theatredelacite.com

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