© Salerno
ƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette
L’idée est séduisante. L’équipe aussi, trois femmes, un homme, qui vont s’amuser avec tout ce qui traîne un peu partout sur scène et surtout utiliser les instruments de musique posés eux aussi ça et là. Nous frétillons, il y a comme une certaine joie. Tant mieux. Et effectivement l’une ramasse un triangle, lui donne vie et en même temps nous raconte quelques préceptes d’hygiène et de soins de l’Ecole de Salerne, compilés au 13e siècle et traduits au 18e par monsieur Levacher de la Feutrie. Tout débute bien donc, nous pouvons frétiller. D’ailleurs à l’entrée un petit carnet nous a été offert, voquant, par exemple, le fenouil :
« Le fenouil fébrifuge, est utile à la vue;
A l’urine, aux humeurs, il procure une issue.
Sa graine est précieuse ; elle ne manue pas
D’ouvrir aux vents secrets les soupiraux d’en bas. »
Et les quatre jouent, surtout les femmes, qui remuent et changent davantage d’instruments. Monsieur semble rester un rien coincé à sa guitare. Peu importe. Et derrière eux passe une musique plus géante encore, qui ne change pas, ou bien se ressemble tant qu’on ne s’aperçoit de rien. En entrant dans la salle, on repère une foule d’objets au sol. Ces musiciens joueurs s’en servent oui, mais sans véritable « folie ». Ce petit instrument, là, est amusant et vous en jouez bien. Il ressemble un peu à ce que vous venez de faire… Très vite s’installent des « Oui, et alors ? » ou un « ah, encore ? ». Et un peu plus de pep’s, non ? De folie médiévale ? De mouvement aussi, pourquoi pas ? Les même choses semblent être reprises, ou du moins les rythmes sont jumeaux, triplés. Les idées sont très amusantes et la troupe séduit mais l’esprit est toujours le même, fini par prendre un peu la poussière, voir même de grincer. Comme dans un bouquin de médecine, quand on y connaît rien ? On travaille sur scène sur un ouvrage extrêmement riche, et dans la salle, on se lasse. Surprenant. Quelques éclats de rire s’échappent tout de même.
La déception vient-elle de la sauge, de la violette ou du cresson ? Du « Danger de la méridienne » ? Allez savoir. Ces quatre musiciens débordent de sympathie, de plaisir évident d’être sur scène, avec l’immense envie de faire du bien. C’est presque réussi. Salerno, un spectacle peu plus rythmé ? Du changement ici ou là ? À moins que ce ne soit pas la saison ? L’envie de partager avec eux une tisane médiévale est immense. Les bravos sont encore en sachets, et l’eau chauffe mais ne boue pas.
Avec Ondine Cloez, Anne Lenglet, Clémence Galliard, Vic Grevendonk
Durée 45 min
Les 22 et 23 juin 2023
Centre national de la danse
1, rue Victor-Hugo, 93500 Pantin
Créé en mai 2022 au Théâtre Poche Hédé-Bazouge
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