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Saisir d’Henri Michaux, mise en scène de Sarah Oppenheim, Théâtre le Colombier-Bagnolet, MC93 hors les murs

Fév 18, 2015 | Commentaires fermés sur Saisir d’Henri Michaux, mise en scène de Sarah Oppenheim, Théâtre le Colombier-Bagnolet, MC93 hors les murs

f article de Denis Sanglard

 

Crédit photo Alain Richard

Crédit photo Alain Richard

 

« Désobéir à la forme » écrit le poète et peintre Michaux. Sarah Oppenheim prend acte de cette assertion et explore l’univers du poète non dans le résultat fini, l’achèvement du texte, mais dans la recherche d’une forme autre que celle existante. Ecriture prise dans sa dynamique créative avec ses ratés, ses fulgurances, ses doutes. Univers mouvant, plastique, entre écriture et peinture. œuvre protéiforme où le corps se jette dans la bataille, entre élan et abandon, épousant la forme écrite. Saisir est une plongée dans l’écriture où le plateau devient un champ d’exploration qui interroge le processus créatif, l’acte d’écrire. Et par résonnance tout acte de création. Sarah Oppenheim ouvre logiquement l’espace à d’autres formes qu’elle frotte les unes aux autres, qui entrent en résonnance, et fécondent par cette friction des images étonnantes en métamorphose constante. Ce n’est pas tant le texte qui est illustré que sa genèse profonde. Ce qui le précède. Yann Collette, narrateur discrètement effacé, prête sa voix au poète. Fany Mary, sur le plateau, offre son corps à toutes métamorphoses. Un corps qui fait le lien entre le texte énoncé et le violoncelle en contre-point. Qui se joue de la palette graphique projetée de Louise Dumas. Une corde et c’est la ligne de Michaux qui découpe l’espace. Un peu d’eau est c’est une encre renversée qui gicle pour prendre forme. Le plateau devient un espace mental chargé d’images étranges au centre duquel le corps de Fany Mary finit par épouser la calligraphie singulière du peintre Michaux, n’être plus à son tour qu’un signe, une ligne, un point. Elle est « cette ligne d’aveugle investigation. » C’est une création très fragile et il faut accepter de se laisser porter, d’être traversé par cette création quasi abstraite et poétique. Cela demande concentration. C’est d’ailleurs le seul défaut de sentir combien il faut lutter contre l’écriture de Michaux si prégnante, qui semble résister à tout traitement, pour se concentrer également sur l’action du plateau… Et pour qui décrocherait, c’est le risque, reste le plaisir d’entendre Henri Michaux, découvrir combien son écriture résiste à l’usure du temps. Combien ses expérimentations, ses audaces, ses interrogations, sont d’une modernité étonnante.

 

Saisir
D’Henri Michaud
Adaptation et mise en scène Sarah Oppenheim
Travail graphique Louise Dumas
Scénographie et costumes Aurélie Thomas
Lumière Benjamin Crouigneau
Son Julien Fezans
Avec,Yann Collette et Fany Mary
Et Benjamin Havas au violoncelle

Du 16 au 22 février 2015 à 20h30, le 22 février à 17h
Relâche le jeudi.

Théâtre le Colombier-Bagnolet
20, rue Marie Anne Colombier
93170 Bagnolet
Programmation hors les murs de la MC93
Réservation 01 41 60 72 72
www.mc93.com

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