© Guy Delahaye

ƒƒ article de Victoria Fourel

Ruy Blas est valet. Avant que, sous l’emprise de son maître, il soit transformé en Don César, en amant de la reine, en influent homme politique. Mais malgré tous ses efforts, il reste un pantin sous l’influence du manipulateur Don Salluste. Drame romantique, fresque politique, Ruy Blas est un portrait d’un royaume vérolé par les intrigues. Mais la pièce raconte aussi le déterminisme, l’impossibilité de s’extraire de son destin.

On apprécie aussitôt le plateau incliné, nu. Celui-ci porte les stigmates des traces de pas et d’épées, et servira de toile blanche à l’histoire de Ruy Blas. Des mécanismes font apparaître et disparaître des portes et des tabourets, mais ce sera tout. On est dans la sobriété, qui met en avant les personnages. Cela donne un côté très spontané, d’une part, mais aussi très moderne. Les lumières auront tout à voir dans la mise en scène. Elles sont précises, intelligentes, elles semblent s’éclairer au fur et à mesure du passage des personnages, comme ayant une volonté propre.

Les vers sont dans l’ensemble très bien dits, et permettent de tout comprendre de cette sombre histoire complexe. La diction est parfois un peu traînante, comme pour la délier et y mettre de la décontraction, ce qui est discutable. Mais les acteurs s’approprient assez bien le texte d’Hugo, et le tout est très en place techniquement.

François Deblock, dans le rôle de Ruy Blas, prend en carrure au fur et à mesure de la pièce, et même si son jeu légèrement bloqué dans les aigus et son côté juvénile peuvent poser souci, il parvient à changer de registre dans une deuxième partie.

La mise en scène d’Yves Beaunesne fait le choix d’accentuer les aspects comiques, très présents dans le spectacle. La Reine par exemple, est incarnée vive, marrante, surprenante, par Noémie Gantier. Et les personnages secondaires sont ici des apparitions drolatiques. Un problème se pose malgré tout, et notamment dans les derniers moments, pour retrouver la charge tragique et de passer d’un registre à l’autre.

Un vrai amour des vers, des acteurs précis, et une utilisation virtuose de la musique font de ce Ruy Blas un spectacle d’ambiance. Ambiance tellement léchée, que malgré tout, malgré nous, on laisse de côté les défauts pour retenir le beau.

© Guy Delahaye

Ruy Blas, d’après Victor Hugo

Mise en scène Yves Beaunesne

Scénographie Damien Caille-Perret

Lumières Nathalie Perrier

Musique Camille Rocailleux

Costumes Jean-Daniel Vuillermoz

Avec Thierry Bosc, François Deblock, Zacharie Feron, Noémie Gantier, Fabienne Lucchetti, Maximin Marchand, Guy Pion, Jean-Christophe Quenon, Marine Sylf, et les musiciennes Anne-Lise Binard et Elsa Guiet.

Du 8 au 18 janvier 2020

Du mardi au vendredi à 20 h

Le samedi à 19 h 30 et le dimanche à 15 h

Durée 2 h 15 environ

Théâtre de la Croix-Rousse
Place Joannès Ambre

69004 Lyon

Réservation au 04 72 07 49 49

www.croix-rousse.com

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