© Maison du geste et de l’image
article de Corinne François-Denève
Depuis une quarantaine d’années, la Maison du geste et de l’Image, située en plein cœur de Paris, devant une fontaine des Innocents tout juste rénovée, s’attache à accompagner l’éducation artistique et culturelle. Elle accueille pour ce faire des classes, mais aussi des enseignant.es, des professionnel·les du périscolaire, du champ social et médico-social, et tous les passeurs et passeuses pour qui la culture est un enjeu primordial. Elle propose ainsi des ateliers de pratique, mais aussi une recherche sur la pédagogie par l’art, et des ressources et des cadres. Elle est en ce sens également un lieu de résidence pour artistes, qui peuvent tester au plateau leurs propositions.
L’année 24-25 voit se déployer le thème des « pouvoir·s en·jeu·x ». Le samedi 8 mars était marqué par une double actualité : celle, annuelle, de la célébration de la journée des droits des femmes. Celle, pesante, des évènements immédiats : remise en cause de l’idéal de la culture comme service public, « comme l’eau, le gaz et l’électricité », rognage des subventions et des budgets pour les acteurs culturels, menace sur le « pass culture », sans parler de la situation politique mondiale. C’était l’occasion, pour la Mgi, de proposer une journée de réflexion sur le thème : « la pratique artistique, une ressource pédagogique ? ». Comme l’invitation le rappelait, il y avait urgence à s’emparer de cette question de « l’accès à l’art et à la culture des enfants et des adolescent·es » « plus que jamais nécessaire, pour créer du collectif, apprendre à parler et à regarder, développer l’esprit critique et l’imagination en dehors des injonctions publicitaires, se reconnecter au vivant… »
En lieu et place d’une série de conférences, la Mgi proposait des ateliers en accord avec les valeurs du lieu. Il s’agissait d’adopter la forme du « forum ouvert ». Pas de parole surplombante et magistrale, mais des ateliers, avec en filigrane l’usage d’un collectif bienveillant, de points de vue situés prenant en compte la place de chacun ; rien de préécrit, mais un scénario à inventer, en co-construction. Une première séance de pratique artistique pluridisciplinaire, ainsi, déclinaison des « séances-découvertes » offertes à ceux et celles qui veulent se familiariser avec le lieu, proposait aux intervenant.e.s de prendre place qui dans un atelier théâtre, dont le prétexte était la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges, qui dans l’équipe son, qui dans l’équipe créa lumière, tandis que d’autres rejoignaient les ateliers graphisme ou animation. La matinée s’achevait sur une restitution qui mettait bout à bout, après concertation, ces moments de travail. L’après-midi était dévolu à un « world café » sur la question de la pratique artistique, qui permettait de mettre en débat des expériences diverses.
Joyeuse, bienveillante et ludique, cette journée ne perdait toutefois pas de vue son objet : défendre, encore et toujours, la nécessité de la pratique artistique, avec l’objectif d’en rédiger un « manifeste ». L’envie d’une culture pas morte, de lucioles toujours allumées, face aux injonctions faites aux artistes de crever.
© Maison du geste et de l’image
Maison du geste et de l’image
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75001 Paris
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