© Christophe Raynaud de Lage
ƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette
Qu’il fait beau cela vous suffit. Poésie, douceur et délicatesse ??? Pas tout à fait, ce spectacle reprend plutôt la vie des collèges, pas les « tout beau tout propre », plutôt ceux où l’on se tape dans tous les coins, élèves entre eux, profs entre eux, et bien entendu, profs et élèves ne faisant pas la fête non plus, bien au contraire. Ce spectacle a été mené avec des adolescents et des adolescentes du Centre Kirikou, à Paris, reprenant pour cinq représentations les rôles des élèves (sauf celui d’Aleksander).
On est invité à suivre toute une année scolaire, ses aléas les plus sombres. Bonne idée oui, mais surtout belle réussite, on est plongé dans cet univers, on s’y noie pour ainsi dire. Qu’il fait beau cela vous suffit souhaite illustrer les difficultés, les douleurs, les noyades pourquoi pas, dans un univers des moins roses. Il y a les profs, les parents d’élèves, une au moins, et les élèves. Petite parenthèse, ces derniers étaient ce soir-là des ados, comment dire ?? d’un talent époustouflant, nous n’étions pas au théâtre mais dans la cour, dans les salles d’un collège. Ce n’était pas un jeu, mais du vrai. Les « grands » étaient aussi bons, mais c’est leur métier. Différence magnifique à souligner.
Donc on voit Aleksander qui se bat non stop, sa mère hystérique qui refuse qu’on lui trouve une voie dans laquelle il s’épanouirait. C’est vrai, il a seize ans, faut-il encore étudier ? Question douloureuse, qui pourrait faire rire quelques-uns. Drame en fait, réel. Il y a aussi des gamines et les aléas du sexe, et puis des profs hystériques, trop mous, trop carrés, de bonnes idées mal interprétées ou offertes d’une façon des plus maladroites. Tout fout le camp en somme.
La scénographie de ce spectacle est excellente, dynamique et efficace sur cette scène nue. Tous et toutes bougent des « presques » meubles et l’on se retrouve dans une salle de classe, dans la cour, dans un bureau, etc. On est presque dans un ballet ici ou là, les corps remuent avec la même souplesse. Beaucoup de bonnes choses donc, mais avions-nous besoin de suivre toute l’année scolaire ? Heureusement que les heures de colle n’ont pas été mises en scène. Pourquoi ? Parce que le rythme était aussi surélevé que les hurlements permanents. Oui, nous n’allions pas écouter La Traviata, mais là, le trouble des répétitions, des allongements, est du « trop », en vrai. Un peu plus de « vrai » texte, ou bien présenté autrement qu’à travers cris et sifflets ? Du plus lent dans cette structure de cris, de colère, de peur et de lassitude eût été nécessaire. Vraiment. Ou alors vingt minutes de moins et alléluia. Dommage parce que le sujet est excellent, le jeu de même, à part peut-être ici ou là des faiblesses, commes des lumières ultra clignotantes répétées et épuisantes. Ce n’est pas à conseiller à des profs, c’est évident… Des détails de forme donc, mais le résultat reste ou devient un coup de poing qui vaut grandement le détour.
© Christophe Raynaud de Lage
Qu’il fait beau cela vous suffit, écriture et mise en scène de Mélanie Charvy et Millie Duyé
Avec Aurore Bourgois Demachy, Thomas Bouyou, Emilie Crubezy, Paul Delbreil, Virginie Ruth Joseph, Clémentine Lamothe, Loris Reynaert, Etienne Toqué
Dramaturgie et regards extérieurs : Romain Picquart et Charles Dunnet
Création sonore : Timothée Langlois
Création lumière : Orazio Trotta
Costumes : Carole Nobiron
Scénographie : Irène Vignaud
Construction Pierre Heydorff / Théâtre dans les vignes
Chorégraphie : Christine Tzerkezos-Guérin
Du 15 au 25 novembre 2023
Durée 1h40
Tout public :
Du 15 au 17 novembre à 20h
Le 18 novembre à 19h
Du 21 au 24 novembre à 20h
Le 25 novembre à 19h
Scolaire (dès 13 ans) :
16 novembre à 14h
21 novembre à 14h
23 novembre à 14h
Théâtre de l’Etoile du Nord
16 rue Georgette Agutte
75018 Paris
www.etoiledunord-theatre.com
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