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Quand viendra la vague, d’Alice Zeniter, mise en scène de Florian Westerhoff, au Théâtre de Belleville, Paris

Oct 09, 2024 | Commentaires fermés sur Quand viendra la vague, d’Alice Zeniter, mise en scène de Florian Westerhoff, au Théâtre de Belleville, Paris

 

© Rodolphe Haustraete

 

ƒƒ article de Nathalie Tambutet

Nous entrons dans la salle obscure, dans l’opacité de la fumée, la scène est plongée dans le noir. Une fois installé, notre regard tourné vers la scène est attiré par deux personnages, repérables à leur gilet jaune, positionnés l’un au-dessus de l’autre dans un abri de fortune entouré de pavés. Une ambiance de fin du monde, de naufrage, de survivants ou de combats avec ces pavés ? Un panneau indique la direction du Monte Cinto, qui se trouve en Corse. Matéo et Létizia, un couple réfugié sur une parcelle de leur propre terrain, héritage du père de Matéo, se sont construit un abri de fortune sur leur « rocher », pour se protéger de l’annonce de la montée des eaux. En effet, une vague submerge la planète et décime les populations. Les premiers immergés sont les habitants des îles. Ils sont en première ligne. Ils se sont repliés dans cet abri pour se protéger et ils attendent la vague.

Matéo propose un jeu maléfique : sélectionner qui de leurs connaissances mériterait d’être sauvé, si certains tentaient de venir se réfugier sur leur « rocher ».

Létizia, elle, est lasse des élucubrations de Matéo et se questionne sur son amour, ce qui l’a liée et la lie à son compagnon, a-t-elle encore envie d’être avec lui ?

Matéo, lui, anticipe et tente de gérer son angoisse et de visualiser ce qui pourrait se passer : « Je suis debout parce que debout j’aurais pied plus longtemps… on peut imaginer qu’il y aura une sorte d’évolution des espèces pour garder la tête hors de l’eau. »

Lui trouve toutes les bonnes raisons pour retenir sa femme à ses côtés. Elle est davantage tentée par le large, pour renouveler sa vie et elle revendique sa vision humaniste de l’humain. L’approche imminente de la vague révèle les tensions du couple.

Qui mérite d’être sauvé dans cette configuration de fin du monde ? Qui peut décider qui doit être sauvé ? Faut-il accueillir tout le monde ? Derrière cette dernière question est posée celle de l’immigration mondiale et de son tri. Cette pièce est une réflexion sur le réchauffement climatique, les enjeux géopolitiques contemporains mais aussi sur la montée de l’égoïsme en temps de crise et le devenir de l’humanité. Elle pose aussi la question de l’humanisme, est-il encore possible dans un monde dominé par le profit ? Un couple peut-il rester ensemble quand leur vision du monde les oppose ?

Une transition vers un nouveau monde est-elle envisageable en ces temps de crises ?  Une réflexion sur le rôle et la place de l’humain dans ce monde dans lequel nous vivons ainsi que sur la nature humaine au travers de ce couple, miroir de chacun de nous.

Ces deux survivants, que vont-ils décider ? Partir à la recherche d’autres rescapés, des autres ou tenter de repeupler à eux deux la planète ? Seul à seul, face à face, n’est-ce pas déshumanisant ? Se barricader ou s’unir autrement vers une forme nouvelle de collectif ?

Le jeu des lumières intensifie le discours et la personnalité des protagonistes. La musique est un élément à part entière de la mise en scène, rappelant la force de la nature, et révélant les états d’âme des personnages.

La mise en scène nous offre à voir et à entendre la richesse et la complexité du texte d’Alice Zeniter. Un texte d’alerte sur les enjeux climatiques et une réflexion sur notre monde. Ce texte aborde la question des réfugiés, de leur condition et des raisons de ce nomadisme mondial, il alerte sur les réfugiés climatiques en cours et à venir. Véritable manifeste écologique pour un humanisme à réinventer. Il est aussi un regard sur la déshumanisation de ce monde avec des êtres en quête de sens.

 

© Rodolphe Haustraete

 

Quand viendra la vague, d’Alice Zeniter

Mise en scène : Florian Westerhoff

Avec Marianne Thiery, Damien Prévot et Florian Westerhoff

Musicien : Alex Leboeuf et Ely Checkh Athié (en alternance)

Création lumière : Vincent Lefèvre

Conception sonore : Simon Denis

Direction musicale : Chadi Chouman

 

Durée : 1h

Du 5 au 29 octobre 2024

 Lundi à 19h15, mardi à 21h15, samedi à 16h, dimanche à 17h

 

Théâtre de Belleville

16, passage Piver

75020 Paris

 

Réservation : 01 48 06 72 34

www.theatredebelleville.com

 

Tournée :

 15 mars 2025 : La Grange Dîmière, Théâtre de Fresnes

www.grangedimiere.fresnes94.fr

 

 

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