ƒƒƒ article de Denis Sanglard

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Attention, ils reviennent ! Les chiens de Navarre sont de retour aux Bouffes du Nord pour une reprise toujours aussi décapante de leur création «  Quand je pense qu’on va vieillir ensemble ». Une reprise loin de s’être émoussée. C’est toujours aussi pertinent et ravageur. Notre société abonnée aux séminaires en tout genre est décapée au vitriol. Rien ne leur échappe. C’est hilarant et d’une cruauté totale. Les séminaires, les thérapies de groupe, les stages de réinsertion se transforment en jeu de massacre sadomasochiste. Jubilatoire ! Qu’importe qu’ils forcent le trait. Ce qu’ils soulignent avec tant d’impertinence et de lucidité c’est combien les individus crèvent de solitude. Et citant Stig Dagerman «  Notre besoin de consolation est impossible à rassasier », mais poussant le bouchon très loin, nos Chiens fidèles à eux même démontrent avec brio combien nous sommes à la fois victimes et bourreaux et qu’il vaut mieux être du côté du manche que de la cognée. Jouer à la princesse tourne vite à l’aigre et libère les pulsions les plus inavouables bien planquées sous ses jupes gonflantes et gare à celui à qui est attribué le rôle du lapin… Les couples eux-mêmes ne sont pas épargnés. Car de ce côté-là pas grand-chose non plus à tirer. L’enfer est partout. Et les Chiens de Navarre le pavent de nos plus mauvaises intentions. Le vivre-ensemble est loin d’être une sinécure. C’est même la curée. Le constat est mordant, acide et sans appel. On rit beaucoup, énormément et quelque fois pouf ! Au détour d’une charge féroce, l’émotion vous tombe dessus sans crier gare. Parce que le rire énorme enclenché ne masque jamais tout à fait le tragique de l’homme contemporain. Car il ne faudrait pas croire que ces chiens-là ne sont que des petits rigolos, des branquignols. Le rire qu’ils déclenchent n’est que le révélateur de notre propre folie. L’outrance qu’ils manient sans précaution et dont ils usent avec maestria n’est que le reflet à peine retouché – quand on n’y regarde bien – de nos propres outrances.

Quand je pense qu’on va vieillir ensemble
Création collective des Chiens de Navarre
Direction et mise en scène de Jean-Christophe Meurisse
Création lumière Vincent Millet
Régie générale et lumière Stéphane Lebaleur
Création et régie son Isabelle Fuchs
Régie plateau Julie Leprou
Avec Caroline Binder, Céline Fuhrer, Robert Hatisi, Manu Laskar, Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin, Maxence Tual, Jean-Luc Vincent

Théâtre des Bouffes du Nord
37 bis, boulevard de la Chapelle – 75010 Paris

Du mercredi 8 au samedi 18 octobre 2014 à 20h30
Relâche les dimanches et lundis

Réservation 01 46 07 34 50
www.bouffesdunord.com

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