© N. Martinez

ƒƒ article de Victoria Fourel

Sur le parvis, le début. Les spectateurs sont impatients, je crois. On a rarementvu ça. Le théâtre est comme en friche, fermé aux regards et aux visites. Une équipe loufoque se met en tête, coûte que coûte, de rentrer. Et nous emmène avec elle, tableau après tableau, dans un spectacle acrobatique, vertical et soigné.

Dans cette fresque, la parole dessine, motive, fait rire. Et les corps se plient, se courbent, tentent de tenir debout ou d’esquiver les obstacles. Il fait bon montrer que même les murs d’un théâtre peuvent être franchis, il fait bon montrer que le bizarre est là et bien là. Les artistes sautent de balcon en balcon et passent par tous les interstices pour entrer dans le théâtre, au son d’une musique détonnante et percutante, et d’une voix, loufoque, elle aussi, tantôt meneuse de revue et de réunion de team-building. Et quand les murs de placo montés pour l’occasion ont été détruits, l’invasion continue. On a l’impression que le théâtre n’est plus ce qu’il était, massif et millénaire. On entre, comme si c’était la première fois, et là, on dirait que quelque chose, la nature ou l’étrange, a repris ses droits. Des baguettes tombent du plafond sur un tambour, une interprète arrive par tyrolienne, les plantes tombent du ciel. Commence un endroit beaucoup plus chorégraphié et carré du spectacle. Là, les prouesses techniques sont légions, entre équilibre
précaire du plateau et apparition-disparition des artistes.

On ne sait vraiment pas où on est, et on perd parfois de vue ce qui nous a amenés là. On voit très bien le plaisir à créer une partition pour une salle, le plaisir à inventer des trous d’air dans le plateau, de jouer de tous les espaces. Mais on sent que des tas de sujets sont encore à aborder et seulement ébauchés par le spectacle. Il y a tellement d’images et de sollicitations partout que l’on voudrait encore creuser, aller plus loin dans certaines idées. C’est la limite d’un tel projet unique, mais c’est aussi sa grande force. On a envie de tout interpréter, tout en sentant qu’il s’agit surtout de se laisser faire. Surpris, on l’est. Heureux, on l’est. Des passages très chorégraphiés et jouissifs nous accrochent, les adresses directes au micro nous remettent à notre place, le travail autour de la robotique rendent le tout décalé et bricolé.

Le Théâtre des Célestins est une toile vierge pleine de folie et de technique, et donne à voir le visage du cirque d’aujourd’hui : il est théâtre, il est jeu, il est plein. Et remplit les recoins autant que les plateaux.

© Blandine Soulage

Presque Fresque, de Galactik Ensemble

Collaboration artistique : Marie Fonte
Collaboration scénographique : Charles Rousseau, Franck Breuil, Victor Chesneau
Création sonore et musique live : Sean Drewry, Blanche Lafuente
Régie générale : Nicolas Barrot
Régie lumière  :Nicolas Deluc

Avec Mathieu Bleton, Céline Fuhrer, Violaine Garros, Jonas Julliand, Dimitri Jourde, Karim Messaoudi, Cyril Pernot, Sean Drewry et Blanche Lafuente

Du mercredi 7 au samedi 10 juin à 20h
Durée 1h

Théâtre des Célestins
4 rue Charles Dullin
69002 LYON

Réservation au 04 72 77 40 40
www.theatredescelestins.com

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