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Preparatio Mortis, chorégraphie de Jan Fabre et Annabelle Chambon, au théâtre de la Bastille

Mar 26, 2016 | Commentaires fermés sur Preparatio Mortis, chorégraphie de Jan Fabre et Annabelle Chambon, au théâtre de la Bastille

ƒƒ article de Florent Mirandole

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© Achille Lepera

Dans la semi obscurité, une masse longue et molle suspendue en l’air s’agite, s’ébroue, se tortille au son de la partition pour orgue de Bernard Foccroulle. Suspendue au-dessus d’un cercueil en verre entouré de longues roses, cette grande chenille multicolore provoque instantanément un certain malaise.

Puis une main finit par déchirer la peau épaisse du monstre. La longue chenille se fissure. Une danseuse sort de la chrysalide, et tombe, quasiment nue, au milieu d’un parterre de fleurs que l’on croirait destinées à tresser des couronnes mortuaires. On assiste à la naissance de quelque chose d’organique, une transformation, une mue. L’organique et le minéral se rencontrent. Nous ne sommes pas encore dans l’humain, mais déjà dans le vivant. Dès les premières minutes, Jan Fabre impose son thème, la naissance d’un être, la confrontation de la vie et de la mort.

En mettant en scène la mutation d’un corps, Preparatio Mortis est une expérience intense. La danseuse Annabelle Chambon semble habitée par ce rôle. Pendant une demi-heure elle est agitée de mille spasmes, se tord au milieu des fleurs, les hume tel un animal. Elle semble portée, fécondée par le pollen de ces plantes qui a envahi la scène. Annabelle est animale, monstrueuse. Elle n’est pas encore humaine, elle incarne plus la vie, le naissant, le biologique. La danseuse en fait souvent trop, dans l’identification avec le végétal. L’aspect troublant finit par se muer en exagération un peu insistante. Pourtant les mouvements de corps restent impressionnants. La mutation, la quête d’humanité fascinent autant qu’elles effraient.

La dernière scène apparaît ainsi aussi incongrue que surprenante. Enfermée dans une boîte de verre, la danseuse lévite dans une semi obscurité au milieu de papillons. L’effet visuel est fort, troublant une fois encore… mais ses contorsions sont un peu longues. Ses inscriptions sur les parois de la boîte, un bœuf, un arc, une érection, redonnent finalement à la scène un coté primitif très prégnant. Elles rappellent les premières inscriptions préhistoriques. Nous sommes bien devant une naissance. L’humain perce enfin, peut-être avec l’art.

Etrange, sonore, parfois un peu longue, la pièce touche néanmoins au but en imprimant dans les esprits des images fortes.

 

Preparatio Mortis
Chorégraphie Jan Fabre, Annabelle Chambon
Composition et exécution Bernard Foccroulle
Régisseur Geert Van der Auwera
Du 21 au 23 mars 2016 à 20h

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette – 75011 Paris
Métro Bastille (ligne 5,1,8)
Réservation 01 43 57 42 14
www.billetterie.theatre-bastille.com

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