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Pour le meilleur et pour le pire, Cirque Aïtal, de et avec Kati Pikkarainen et Victor Cathala, Le Monfort

Juin 06, 2019 | Commentaires fermés sur Pour le meilleur et pour le pire, Cirque Aïtal, de et avec Kati Pikkarainen et Victor Cathala, Le Monfort

ƒƒ Article de Philippe Escalier

Un moment d’acrobatie et de poésie, telle est la proposition originale faite par le cirque Aïtal au public du Monfort, jusqu’au 15 juin 2019, avec Pour le meilleur et pour le pire.

Il est difficile d’imaginer couple plus différent que celui à l’origine du Cirque Aïtal (signifiant en occitan, c’est comme ça !) : Victor Cathala, le toulousain est aussi grand, brun et baraqué que sa compagne finlandaise Kati Pikkarainen est petite, blonde et fine. Lui fera de la voltige équestre avant d’intégrer des écoles de cirque à Paris où il fait la rencontre de Kati, venue perfectionner sa pratique circassienne, son lot quotidien depuis l’âge de huit ans. Ils enchaînent alors les spectacles et les récompenses, comme cette médaille d’argent décroché au Festival Mondial du Cirque de Demain.

Pour le meilleur et pour le pire dévoile dès son titre que nous allons assister aux turbulences liées à une histoire de couple, quoi de plus naturel pour Victor et Kati. Nos deux artistes ont décidé de marier le rire provoqué par leurs facéties clownesques et poétiques, dignes d’un délicieux film muet avec les numéros de voltiges main à main où ils excellent. Ils le font avec une authenticité remarquable. Arrivés sur la piste au volant d’une petite voiture rouge pétaradante, feux allumés, ils entament un jeu de portières musicales (la bande son change très vite, à chaque ouverture de porte) avant d’essayer de capter, à l’aide d’une antenne filaire, les ondes nécessaires à la bonne marche de l’autoradio. Il faut tendre le bras et l’on sent poindre déjà le désir de prendre de la hauteur. Gags, langages du corps, mimiques, tout ce qui n’est pas acrobatique est bien pensé, les idées foisonnent pour ce qui ressemble à un numéro de clowns sans masque ni costume et surtout, jamais grotesque. Dans ces moments qui plongent souvent le public dans l’hilarité, l’on sent la volonté du couple de se lâcher, d’abandonner, par ces fausses scènes de ménage burlesques, (rassurez-vous, l’amour n’est jamais très loin !), un peu de l’incontournable tension qui préside aux moments acrobatiques périlleux qu’ils nous offrent. Censé représenté le pot d’échappement géant de la voiturette, c’est en haut d’un long mat posé sur le front de son compagnon que Kati va produire ses plus belles figures avant de retrouver des voltiges et des portées main à main, chaque figure attestant de leur maîtrise et de leur grande complicité. Le cirque moderne qu’ils incarnent n’en reste pas moins traditionnel, et l’on comprend l’affirmation lancée par Victor Cathala lors d’une interview : « L’on habite le cirque plus qu’on ne le revisite. » Cet objectif, en apparence modeste, cache la parfaite symbiose de l’acrobatie ponctuée d’humour et cet art achevé de raconter une histoire tout en assurant le show. Le public alterne les moments de rire et de grande attention, visiblement heureux d’assister à une performance classique d’un haut niveau tout en sortant des sentiers battus.