© Julien Benhamou
ƒƒ article de Hoël Le Corre
Chacun le sait : on ne choisit pas sa famille… Celle que Mehdi Kerkouche convoque sur la scène de La Scala ne fera pas exception ; on s’y câlinera, on s’y disputera, s’y réconciliera, s’y confrontera, s’y abandonnera, on s’y découvrira et on y grandira…
Le rideau s’ouvre sur neuf danseurs, ou plutôt sur huit danseurs et une femme plus âgée, figure de mère, d’ancêtre, de racine, de fantôme peut-être. Chacun à leur place, ils déploient d’abord leur corps dans des gestes saccadés, débridés, qui se répondent en écho ou s’autonomisent totalement. Comme dans n’importe quelle fratrie, les membres ne se ressemblent pas tous ; ils ont des corps, des langues, des styles vestimentaires et chorégraphiques différents. Mais comme dans n’importe quelle fratrie, une énergie leur est commune, et des liens invisibles, d’amour, de violence, de jalousie, de réconfort, d’entraide existent et sous-tendent les relations.
Famille heureuse, embarrassante, toxique, absente… Comment s’en extraire ou au contraire s’y réfugier ? C’est ce que les tableaux successifs développeront, proposant des partitions d’ensemble aussi graphiques que tourbillonnantes, en alternance avec des moments plus intimes de solo ou de duo. A plusieurs reprises, notamment, l’émotion sera de mise dans des instants très tendres entre un des danseurs et cette femme en robe de chambre blanche et longue chevelure grise détachée.
A travers une mosaïque de personnalités, et oscillant entre saccades et fluidité, les mouvements maîtrisés permettent aux individualités de chacun des danseurs de se déployer avant de se refondre au service des chorégraphies chorales. Au cours du spectacle, on se plaît à retrouver les traditionnels moments en famille, comme la grande tablée du repas, autour de laquelle on discute autant qu’on s’écharpe où on s’efface. Sans oublier, évidemment, les inévitables photos de famille et leur lot de grimaces ou d’agacement. La simplicité autant que la variété des séquences apporte beaucoup au rythme de la représentation, et l’heure que dure Portrait passe aussi rapidement qu’un bon moment en famille !
© Julien Benhamou
Portrait, de la Compagnie Emka
Chorégraphie : Mehdi Kerkouche
Danseurs : Micheline Desguin, Matteo Gheza, Jaouen Gouevic, Lisa Ingrand Loustau, Shirwann Jeammes, Sacha Neel, Amy Swanson, Kilian Vernin, Titouan Wiener Durupt
Assistante à la chorégraphie : Alexandra Trovato
Musique : Lucie Antunes
Lumières : Judith Leray
Scénographie : Mehdi Kerkouche et Judith Leray
Costumes : Guillaume Boulez assisté de Patrick Cavalié et Céline Frécon
Maquillages : Sabine Leib
Coaching vocal : Nathalie Dupuy
Régie générale / son : Frédéric Valtre
Durée : 1h
Du 4 octobre au 5 novembre 2023
Du mercredi au samedi à 19h
Le dimanche à 15h
La Scala Paris
13, boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Téléphone : 01 40 03 44 30
www. lascala-paris.fr
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