À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements // Pièces de guerre, d’après Eschyle, mise en scène d’Olivier Py, Théâtre 14 et hors-les-murs

Pièces de guerre, d’après Eschyle, mise en scène d’Olivier Py, Théâtre 14 et hors-les-murs

Mai 15, 2023 | Commentaires fermés sur Pièces de guerre, d’après Eschyle, mise en scène d’Olivier Py, Théâtre 14 et hors-les-murs

 

© Christophe Raynaud Delage

 

ƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette

Pièces de guerre, (reprenant par hasard le titre d’un ouvrage d’Edward Bond, mis en scène par Alain Françon à l’Odéon en 1995 ???) suit les terribles Prométhée enchaîné et Les suppliantes d’Eschyle grâce à un travail d’Olivier Py les présentant d’une « façon » transportable le plus facilement possible, créant un théâtre amovible vraiment pour promener Eschyle un peu partout et en montrer, en représenter la force et pourquoi pas la folie ? Ses personnages, évoluent sur des tables de bois, rectangulaires, une dizaine placées bout à bout. Scène longue et étroite, comme difficile et curieuse, dangereuse peut-être, déjà. Les personnages s’y poursuivent, glissant sur un sol étroit, inventé avec talent, comme un danger, un enfermement ouvert. Une tension superbe offerte par Philippe Girard, Frédéric Giroutru et Mireille Herbstmeyer.

Prométhée tente de dire non, nous montre toutes ses souffrances, ses errances. Condamné par Zeus lui-même, après avoir eu la mauvaise idée d’aimer et de protéger les hommes. Quant aux Suppliantes, la seconde pièce, les femmes seront en danger, ne voulant pas épouser n’importe qui (ha?) et du coup vont connaître une inévitable douleur, colère à dissimuler si l’on veut rester en vie. Elles demandent « un droit d’asile » au roi Argos, après avoir fuit la Terre sur laquelle elles tentent de fuir une menace évidente. Dans les deux, de longues scènes soutiennent comme une peur, une épreuve, terrible, inévitable. Danger, forces et oppositions se développent dans un univers de hurlements, se débattent, attaquent, tentent, réussissent, se perdent.

Une seule pièce aurait suffit ? La première ? La seconde prend l’air d’un ajout pour que le temps passe mieux dans le Théâtre 14, face aux spectateurs. Le souffle « s’essouffle » pourrait-on dire. Tout peut demeurer étrange, nous ne sommes pas « emportés » pour autant. Quelques mots, expressions, pourraient s’entendre dans le métro, un soir. Dommage. Pour un peu on regarde sa montre, tout en se disant en même temps que c’est très bien. Les trois comédiens nous surprennent, nous enferment, hurlent. Face à face, la scène étant entre eux, les spectateurs font partie pour ainsi dire de ces instants construisant l’univers. Les uns muets, les autres hurlants. Le texte en souffre ici ou là, tombe en petits morceaux. Les gestes sont magnifiques, les voix glissent ou s’effacent dans le trop. Dommage. C’est la première chose que l’on se dit.

On se demande aussi ce que cela peut bien faire. A-t-on besoin de saisir le sens, vraiment, des mots, tous ? Présence et mouvements ne peuvent-ils être, eux aussi et simplement, complets de sens ? Ils savent transmettent sons, grincements, souffles. Rien ne va plus, nous sommes quoi qu’il arrive face à des personnages perdus, en plein combat, dans des mélanges inévitables. Ce spectacle est double, effectivement, dans tous les sens : du oui et du non, perdus ou non. Victorieux ? Peu importe. Ils nous font peur, et nous avouons que ce cher Eschyle avait du style, et que la rencontre avec Olivier Py se mélange bien, même si la magie sait foutre le camp. Eschyle avait peut-être écrit en bas de page : « Si le public semble emporté, lassez-le, pour voir ce que cela donne ». C’est tout vu. L’image qui reste, est néanmoins prenante. La guerre, les oppositions, les menaces, la peur, les cris. Oui, pas très facile à faire rebondir, à rendre un rien plus net. La simplicité parfois est nécessaire pour illustrer la folie, les souffrances.

 

© Christophe Raynaud Delage

 

Pièces de Guerre, mise en scène et traduction Olivier Py, Théâtre 14 et hors-les-murs

Texte d’Eschyle

Mise en scène & traduction d’Olivier Py

Avec : Philippe Girard, Mireille Herbstmeyer et Frédéric Giroutru

Durée 2h (entracte inclus)

Du mardi 9 au samedi 13 mai : Salle des fêtes de la Mairie Annexe du 14ème (26 rue Mouton Duvernet, Paris 14)

Du mardi 16 au samedi 20 mai : Centre Paris Anim’ Marc Sangnier (20 avenue Marc Sangnier, Paris 14)

Du mardi 23 au vendredi 26 mai : Théâtre 14 (20 avenue Marc Sangnier, Paris 14)

 

 

Be Sociable, Share!

comment closed