© Cosimo Mirco Maglioca
ƒarticle de Nicolas Brizault
Petit éloge de la nuit, une heure cinq qui attire, un texte d’Ingrid Astier, lâchant les polars ici pour rester dans la nuit, d’une autre façon avec un homme, joué par Pierre Richard, qui se lance et s’ouvre dans les premiers méandres nocturnes, pour nous offrir ses goûts, souvenirs, désirs, un homme qui parle, raconte, partage et caresse. Belles idées tentantes. Et tout de suite on est pris pas une scénographie simple et séduisante, une scène sur scène, avec un centre carré, creux, offrant apparition et disparition de cet homme étrange, sympathique, rêveur. Et, toile de fond, un écran pur, évasions chimériques, océanes, de ce personnage singulier, avec ici où là images sibyllines, comme cette femme évoluant dans l’ombre, la merveilleuse Marie-Agnès Gillot.
Premier souci, hélas universel, les crissements nombreux – version pop ou scraaatchs – d’un micro tant à la mode, nous poussant vers les méandres obligés d’un son télévisuel, perte évidente des valeurs de la voix. Sans commentaires. Ensuite, la déception vient d’un envol qui ne se montre pas. Sauf lorsque l’écran s’allume. Sinon, le charme attendu, la poésie annoncée, noire et prenante, ne viennent pas. Cet homme, ce personnage tout à fait tendre et sympathique ne convainc pas tout à fait. La douceur sombre est là, le texte nous enveloppe presque, et paf ! Pierre Richard années 1970 débarque, gestes et gloussements peu étendus et tout mignons, – ah ! souvenirs – mais que viennent-ils faire là ? C’est le Petit éloge de la nuit de Pierre Richard ? Pourquoi pas mais l’envoûtement se casse la figure. Et cette nuit est longue, insomniaque. Oui, malheureusement l’ennui montre le bout de son nez… L’envie d’allumer les lumières et d’aller taper la discute avec ce bonhomme est là. C’est déjà formidablement. Mais Poe, Baudelaire, Maupassant, Desnos, Miller, Neruda, Michaux et Kundera, sans oublier Astier, s’allient et se noient. La mer n’est pas très loin pour ces chanceux.
En somme, un travail considérable, des talents fous dans tous les sens, une envie commune de séduire, faire du bien sont partout, aucun doute et merci mille fois. Mais le résultat pas – encore ? – là.
© Gérald Garutti
Petit éloge de la nuit, d’Ingrid Astier
Texte Ingrid Astier, publié aux éditions Gallimard ainsi que des extraits de textes de Poe, Baudelaire, Maupassant, Desnos, Miller, Neruda, Michaux, Kundera
Adaptation libre et mise en scène Gérald Garutti
Avec Pierre Richard
Danse Marie-Agnès Gillot
Création musicale et sonore Laurent Petitgand
Scénographie et lumières Éric Soyer
Vidéo Renaud Rubiano
Réalisation des films Pierre-Henri Gibert, Pauline Maillet, Gérald Garutti
Costume Joël Viala
Dramaturgie et assistanat à la réalisation Zelda Bourquin
Collaborateurs artistiques Païkan Garutti et Laurent Letrillard
Assistanat à la mise en scène Raphaël Joly
Régie générale et plateau François Pelaprat
Régie lumière Jérôme Delporte
Régie son et vidéo Steven Guegan
Décor construit par les ateliers du Théâtre de l’Union Alain Pinochet, Claude Durand
Du 6 au 16 juin 2019 et du 25 au 30 juin 2019
Du mardi au samedi, à 21 heures
Les dimanches, à 15 heures
La Scala Paris
13 boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Réservations 01 40 03 44 30
www.lascala-paris.com
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