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« People in a Field » de Simon Tanguy, au théâtre des Abbesses

Jan 28, 2015 | Commentaires fermés sur « People in a Field » de Simon Tanguy, au théâtre des Abbesses

ƒƒ article de Florent Mirandole

PIAF-480x330© KONSTANTIN LIPATOV

5 danseurs s’avancent sur scène. Ils ne se connaissent pas, et viennent d’ailleurs de pays différents si l’on en croit le nom du pays qui est inscrit au dos de leur sweatshirt. Assiste-t-on à une compétition sportive ? Probablement pas, car très vite les danseurs parcourent la scène à la manière d’une meute de chiens fous lâchée sur une scène. Les interactions entre eux sont éphémères, jamais verbales, parfois physiques. A la manière d’un anthropologue, le spectateur regarde, attentif, ces êtres évoluer, explorer la scène et se découvrir à coups d’éclats de rire tonitruants.

Il s’agit du premier acte de People in a field. Il sera suivi de plusieurs autres, dans lesquels, à chaque fois, un élément sera mis en évidence. Au silence de ce premier acte succède la musique, jouée par un groupe sur scène, puis l’image, et enfin le chant. Simon Tanguy donne à voir le comportement de danseurs en fonction des divers environnements qu’ils traversent, chorégraphiant pour l’occasion une nouvelle façon de bouger, une nouvelle façon de réagir. Cette expérience s’inscrit dans la lignée de ses précédents spectacles. Dans Gerro, Minos and him déjà, 3 danseurs faisaient l’expérience d’une rencontre au milieu d’une scène tout aussi vide. Ici ce sont toutefois moins les interactions qui font avancer la chorégraphie que les impulsions venues de l’extérieur.

Un style personnel

Au fil de la pièce, le projet scientifique se mue en projet politique. Le dernier acte qui donne la parole aux danseurs transforme la scène en meeting politique, où se mêlent le parfum de l’insurrection et celui des douces utopies soixante-huitardes. Cette prise de parole semble être un aboutissement logique du développement humain. Parti de l’état de nature, il se mue en un animal social et militant politique, à mi-chemin entre Gavroche et Angela Davis. Si le projet est intéressant, le spectateur met toutefois du temps à comprendre l’ambition de Simon Tanguy.

Agé d’à peine 30 ans, le chorégraphe réussit à imposer un style très personnel, déjà présent d’ailleurs dans ses précédentes pièces. Sa façon de faire se déplacer les corps, notamment dans les premières scènes, concentre un mélange d’énergie et d’humour très caractéristique. Simon Tanguy réussit a créer pour chaque danseur une identité, sa propre façon d’aborder l’inconnu, la lumière, le son. Le pas décomposé d’Olivia Reschofsky contraste ainsi avec les courses de Yurie Umamoto ou encore l’amplitude exubérante des mouvements de Radouan Mriziga. Si l’enchaînement des actes apparaît un peu trop didactique, il n’en reste pas moins que le chorégraphe développe plusieurs idées de mises en scène efficaces, à l’image des danseurs rodant sur la scène, éclairés par la lumière d’une simple lampe torche projetée sur eux.

People in a Field
Chorégraphie Simon Tanguy
Musique Christoph Scherbaum
Musiciens Maarten Bakker, Christoph Scherbaum, Willem Smid
Dramaturgie Frank Van de Ven
Texte Chris Dupuy
Création lumières Pablo Fontdevila

Avec Marzena Krzeminska, Radouan Mriziga, Olivia Reschofsky, Karl Saks, Yurie Umamoto

Du 27 janvier au 1 février 2015
Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h

Théâtre des Abbesses
31, rue des Abbesses – 75018 Paris
Métro Abbesses
www.theatredelaville-paris.com
réservation 01 42 74 22 77

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