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Peer Gynt, mise en scène d’Irina Brook, aux Bouffes du Nord

Fév 11, 2018 | Commentaires fermés sur Peer Gynt, mise en scène d’Irina Brook, aux Bouffes du Nord

f article de Florent Mirandole

© DR

Hâbleur, lâche ou comique, Peer Gynt est fondamentalement un homme libre. En refusant toutes les contraintes de sa petite vie villageoise, Peer Gynt a été amené à voyager, à découvrir, à transgresser. Mille paysages, mille créatures, mille rencontres… C’est cette vie faite de mille vies, guidée par la seule recherche de la liberté, qui a attiré la metteur en scène Irina Brook.

Mettre en scène Peer Gynt est toujours une promesse attirante. Quoi de plus excitant que de monter ce personnage tout en excès, vibrionnant, séducteur et insaisissable, qui fascine comme il séduit et énerve. Mieux, ce personnage libre et sans attache, est aussi capable de choisir de lui-même de s’installer, de dire stop au manège. Lorsqu’il rencontre une femme notamment. Tout s’arrête alors, se pose, s’apaise…avant que ses vieux démons ressurgissent. A travers la démesure de ce personnage, Irina Brook a voulu partir à la recherche de ce qui anime profondément Peer Gynt. Cette vie menée à l’instinct soulève des questions. Qu’est ce qui a guidé les pas de Peer Gynt ? Irina Brook peint ainsi un portrait fidèle du personnage d’Henrik Ibsen. Elle met un scène un Peer Gynt bouffon et hâbleur, mais sensible et tendre parfois.

Pourtant de ce portrait de Peer Gynt on ressort un peu déçu. Le personnage traverse effectivement les déserts, les forêts enneigées, et les entrailles de la terre à la rencontre des fantastiques Trolls. Mieux, sans contrainte de temps ni d’espace, ce spectacle est un livre ouvert , autant de trèsors en matière de mise en scène et de jeu.… qu’ Irina Brook ne saisit qu’a moitié. Cela s’avère beaucoup trop sage pour rendre compte de la complexité du personnage. La reprise d’Iggy Pop à la fin n’y change rien, les divers personnages ne décollent jamais et le grain de folie que la mise en scène revendique ne convainc jamais vraiment.

Au delà de la prudence de cette mise en scène, c’est peut etre l’acteur principal qui freine les élans fantastiques et oniriques de la pièce. L’acteur expérimenté, manifestement très à l’aise avec son corps, semble constamment joué en marche forcée. La tête ailleurs, comme son regard la plupart du temps, ce Peer Gynt semble complètement absent de son rôle. Le contraste est frappant avec le reste des comédiens, où chacun joue sa partition à fonds, malgré la faible marge de manœuvre laissé dans l’interprétation. Sans provoquer l’ennuie, ce Peer Gynt ronronne trop pour être captivant.

Peer Gynt d’après Henrik Ibsen
Adaptation et mise en scène Irina Brook
Poèmes Sam Shepard
Chansons Iggy Pop
Chorégraphie Pascale Chevroton
Scénographie Noëlle Ginefri
Costumes Magali Castellan assistée d’Irène Bernaud
Masques Cécile Kretschmar assistée de Sarah Dureuil
Lumière Alexandre Toscani
Assistant à la mise en scène Angelo Nonelli

Avec Helene Arntzen, Frøydis Arntzen Dale, Diego Asensio, Jerry Di Giacomo, Maija Heiskanen, Scott Koehler, Mireille Maalouf, Roméo Monteiro, Damien Petit, Margherita Pupulin, Pascal Reva, Augustin Ruhabura, Gen Shimaoka, Shantala Shivalingappa et Ingvar Sigurdsson

Théâtre des Bouffes du Nord
37bis, bd de La Chapelle
75010 Paris
Réservations 01 46 07 34 50
www.bouffesdunord.com

 

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