À l'affiche, Critiques // « Peau d’âne », écrit et mis en scène par Jean-Michel Rabeux d’après Charles Perrault au Théâtre des Abbesses

« Peau d’âne », écrit et mis en scène par Jean-Michel Rabeux d’après Charles Perrault au Théâtre des Abbesses

Jan 22, 2015 | Commentaires fermés sur « Peau d’âne », écrit et mis en scène par Jean-Michel Rabeux d’après Charles Perrault au Théâtre des Abbesses

ƒƒ article de Victoria Fourel

PEJ-Peau-d-Ane© DR

« Conte sans tabou », comme nous le présente son auteur et metteur en scène, Peau d’âne est un mythe de l’histoire à morale, de l’héroïne maltraitée et réhabilitée, et de la fameuse phrase finale Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. Mais on ne l’a jamais vu comme dans ce spectacle. Si les contes sont nécessaires à l’apprentissage, en mettant des valeurs en situation, et en faisant la leçon par l’imagination, ils se doivent de s’adapter aux époques, de faire rêver avec ce qui fait vraiment rêver. Ainsi, Jean-Michel Rabeux prend tout ce que l’univers du conte a de doux, en utilisant des voilages, du tulle, des couleurs chaudes et la grâce du personnage de Peau d’âne, et le revisite en en faisant un formidable divertissement contemporain, qui use de références d’aujourd’hui.

Le plateau est visuellement très beau, il a un joli côté bricolé, et reflète un théâtre proche de l’art de rue, moderne, et prêt à s’adapter à tous les espaces et à tous les publics. Avec des valises et des caddies sur le plateau, et des costumes techniquement parfaits, mais toujours dans un esprit de déguisement, on est d’emblée dans un décor de jeu, d’enfance. On comprend pourquoi le metteur en scène dit qu’il souhaite donner du plaisir à l’enfant qu’il est resté. On est dans un grand (très grand) coffre à jouets, et comme Peau d’Âne, on prend un malin plaisir à essayer toutes les robes lumineuses que l’on y trouve.

En plus d’être un spectacle douillet et confortable comme l’enfance, il est aussi irrévérencieux et osé, avec, comme idée lumineuse, Christophe Sauger dans le rôle de la fée marraine. Vêtue de son plus beau costume de tulle rose, cette fée travestie ponctue, narratrice pince-sans-rire, et est en grande partie la cause du décalage qui ravit le public adulte. On aurait d’ailleurs aimé qu’elle prenne plus de place sur la fin du conte, où elle disparaît plus ou moins.

Dans la mise en scène de Rabeux, tous les comédiens s’en donnent à cœur joie dans la fantaisie comme dans le côté plus classique, entre caractères simples et éléments de folie. Le roi, clinquant, dansant, plein de paillettes, est aussi inquiétant que drôle.

Malgré un spectacle très vivant et rythmé, plein de rebonds, on aurait voulu que la proposition des moments en musique ou d’interludes sans texte aille plus loin, et soit plus rigoureuse, de manière à amplifier l’idée même de la mise en scène, qui mêle les genres et les époques. De la même manière, si le début du spectacle joue sur l’humour, sans faire l’impasse sur l’émotion de la situation initiale du conte, la transformation de la princesse en Peau d’Âne et son jeu sous la peau de bête ne sont pas assez développés, mis en avant, ce qui donne une seconde partie de spectacle un peu moins forte émotionnellement.

Avec de nombreuses astuces de mise en scène, des personnages et des références qui parlent autant aux enfants qu’aux adultes, cette réécriture du conte dépoussière la morale et les codes de l’histoire de Peau d’Âne, et joue avec tendresse et simplicité avec la culture commune de l’histoire pour enfants. Un moment plein de bonne humeur et de très belles images scéniques, qui donne envie de se replonger dans les livres de contes.

Peau d’âne
Ecriture et mise en scène Jean-Michel Rabeux
Assisté de Geoffrey Coppini
D’après Charles Perrault
Décors, costumes et maquillages Pierre-André Weitz
Lumières Jean-Claude Fonkenel
Avec Aurélia Arto ou Laure Wolf (L’infante Peau d’Âne), Hugo Dillon ou Julien Kosellec (Le Roi son père), Christophe Sauger (la Fée sa marraine), et Dianko Diaouné (Le Prince son amoureux)

Du 20 au 24 janvier 2015 à 10h, 11h, 14h30, 15h, 15h, 19h30 selon les jours.

Théâtre des Abbesses
31, rue des Abbesses – 75018 Paris
Métro Abbesses
www.theatredelaville-paris.com

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