ƒ article de Jean Hostache

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Inspiré respectivement du film Boyz’s the Hood (de John Singleton) et de l’ouvrage littéraire The Souls of Black Folk (de William Edward Burghardt Du Bois, Pavement s’inscrit dans le prolongement de ces deux œuvres mythiques, pour nous faire part de la violence que côtoie la communauté noire aux Etats-Unis.

On comprend la volonté légitime du chorégraphe New-Yorkais de témoigner par le biais de la danse de ces problématiques sociales majeures. Parmi l’éclectisme musical choisit par Abraham dénotent des bandes sonores tirées du film de Singleton qui participent à la musique du spectacle. Ces passages viennent habiter le plateau comme des rengaines quotidiennes, où des fusillades, des cris, et tout ce qui évoquerait un monde barbare se fait entendre sur scène. Le propos semble d’emblée militant et politique. Néanmoins on pourra reprocher à Abraham de le médiatiser d’une manière trop explicative, qui vient alors affadir la réalité violente de la situation. Avec cette impression didactique qu’il renvoie au public, il ne laisse pas la place au spectateur d’être réellement touché par son histoire. Il n’y a rien de mauvais au choix la narrativité dans la danse, mais se contenter d’illustrer la violence ne nous atteint pas. Cela reste de l’ordre d’une représentation banale, d’un fait qui n’est peut-être pas assez creusé dans le mouvement, qui lui a du mal à trouver une cohésion face à la réalité cruelle que veut dénoncer Abraham.

Pourtant d’un point de vue purement chorégraphique et esthétique, le frottement entre la danse de rue et un style plus académique appartenant au ballet demeure très intéressant. Les variations que Abraham propose sont tout simplement belles et singulières, exécutées par des danseurs virtuoses, mais qui formellement ont du mal à trouver une place au regard du contenu du spectacle. La mise en scène et la dramaturgie en somme ne s’avèrent pas aussi sensibles et fines que la chorégraphie. On sort alors du spectacle impressionné par l’exécution de cette danse qui ne se contente pas d’être facile, mais nous demeurons intouchables face au propos du spectacle, nous apparaissant pour le coup limpide, mais qui ne semble pas être venu gratter là où ça dérange et nous questionne.

Pavment
Chorégraphie de Kyle Abraham
Musique J.C Bach, Jacques Brel, Antonio Caldara, Sam Cooke, Danny Hathaway, Edward Howard, Alan Lomax, Fred McDowell, Hudson Mohawke, Alva Noto, Ryuichi Sakamoto, Carl Sigman, Antonio Vivaldi.
Costumes Kyle Abraham
Dramaturgie Charlotte Brathwaite
Conseil Alexandra Wells
Lumière et scénographie Dan Scully
Son San Crawford
Image vidéo Chris Ivey
Avec Kyle Abraham, Matthew Baker, Vison Fraley Jr., Tamisha Guy, Thomas House, Jeremy “Jae” Neal, Kevin Ricardo Tate.

Du 11 au 16 octobre à 20h30, le 13 à 14h et 20h30, le 16 à 15h.

Théâtre des Abbesses
Métro Abbesses ligne 12
Réservation au 01 42 74 22 77
http://www.theatredelaville-paris.com/

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