ƒƒƒ article de Toulouse
© Laurent Philippe
Triomphe pour la chorégraphe italienne Ambra Senatore, qui avec la reprise de Paso présente un spectacle plein d’humours et qui déplace les lignes établit de la danse contemporaine.
Une danseuse, Ambra Senatore, immobile sur la scène, tient une pose longuement durant toute l’entrée du public. C’est un arrêt sur image, comme si la danse l’avait photographiée. Puis elle entre furtivement au ralentit dans un mouvement presque imperceptible, qui vient tromper nos sens et nos perceptions. On croit penser voir un solo, jusqu’à une brève sortie de scène de la danseuse. Là une autre apparaît seule, costume identique et sorte de clone de la précédente, si bien qu’on met un certain temps avant de constater la tromperie. Relation gémellaire assez troublante qui, tout en voulant uniformiser la danse, ne cesse d’exhiber les différences par moyen de comparaison plus grotesques les unes que les autres.Tout le spectacle, à dire vrai, s’architecture autour de ces jeux de trompe-l’œil, ces tours de passe passe. C’est notamment tout un éventail de propositions qui se déploient autour notamment de la distorsion temporelle et visuelle. Ces effets de ralentit, d’arrêt sur image, de retour en arrière, de split-screen, de corps tronqués ou dédoublé, que nous pouvons davantage retrouver dans le champs du langage cinématographique, constitue ici terreau d’une une grammaire chorégraphie tout à fait singulière et fascinante. Cela donne au spectacle une dimension absurde et grotesque à la représentation de la vie quotidienne qu’il tente de déployer (sujet cher aux yeux d’Ambra Senatore si nous parcourons son œuvre), et qui vient surprendre le banal et en faire jaillir l’événement.
Il ne s’agit pas donc de « belle danse » , ni d’exploit, ni de virtuosité technique. Cela est complètement mis de côté et les danseurs s’en moquent bien allant jusqu’à parodie l’académisme et le nombrilisme de la danse à juste titre. C’est une danse qui parle, qui hurle et qui s’amuse. Proche d’une certaine théâtralité, on admire avec fascination ces cinq danseurs jouer comme des enfants dans une cours de récréer selon des règles stupides et drôle. Pourtant, dans ce ludisme et cette déconstruction, tout reste d’une précision chirurgicale. Il y a certainement virtuosité en cela que les danseurs allient une technique – on sent une maturité de parcours indéniable – à un jeu débordant de générosité et de justesses dans l’interprétation des danseurs. On rit beaucoup et c’est rare de trouver des sursauts d’hilarité dans la contemplation de la danse. Ambra Senatore apporte depuis quelques années une vague de fraîcheur à la danse en France, déconstruisant les perspectives attendues et rapportant une certaine distance et humanité à une discipline qui parfois se veut trop sérieuse et protocolaire.
Passo
CHORÉGRAPHIE : Ambra Senatore
LUMIÈRES : Fausto Bonvini
CONCEPTION SONORE :Andrea Gattico & Ambra Senatore
MUSIQUE : Brian Bellot, Andrea Gattico, William Shatmet, Anamor, Bedrich Smetana
AVEC : Caterina Basso, Claudia Catarzi, Matteo Ceccarelli, Elisa Ferrari, Tommaso Monza
Du 10 au 13 avril à 14h30 et 20h30Au Théâtre des Abbesses
31, Rue des Abbesses , 75018 Paris
Métro ligne 12 : Arrêt Abbesses Métro ligne 2, ligne 12 : Arrêt Pigalle Bus 30, 54, 67 : Arrêt Montmartobus
Réservation au 01 42 74 22 77
https://www.theatredelaville-paris.com/
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