À l'affiche, Critiques // Partez Devant, de Quentin Hodara, mise en scène de Laureline Lebris-Cep, à la Loge

Partez Devant, de Quentin Hodara, mise en scène de Laureline Lebris-Cep, à la Loge

Juil 07, 2017 | Commentaires fermés sur Partez Devant, de Quentin Hodara, mise en scène de Laureline Lebris-Cep, à la Loge

ƒƒ Article de Victoria Fourel

Moment de création au cours duquel les compagnies présentes au cours de la saison reviennent pour proposer des formes courtes et très différentes, le festival Summer of Loge a fidélisé le public pendant l’été depuis 8 saisons.

Chômeur et chômeuse sont dans un appartement. Il se complaît dans sa situation d’inactif chronique, elle vient de lâcher un job qu’elle déteste. Partez Devant donne la parole à ceux qui se posent, puis se posent des questions, et s’intéresse à l’idée d’immobilité. Être immobile, est-ce vivre, prendre son temps ? Ou bien est-ce le perdre ?

Ce spectacle fait écho à de nombreux films générationnels, qui suivent les destins de jeunes gens pleins de répartie et de doutes. Même s’il se perd un peu dans un dispositif quasi-circulaire qui empêche parfois une bonne vision d’ensemble, le public est plongé dans l’appartement, et se laisse surprendre par une écriture incisive et sympathique, un quotidien qui parle à tous. Les regards de spectateurs se croisent d’ailleurs, les comédiens n’hésitant pas à les inclure dans leurs scènes de vie, et le tout crée une belle alchimie, une intimité familière.

Il est difficile, pourtant, de défendre un tel sujet. Et justement parce que c’est un sujet qui est de loin, pas si difficile. Quand on peut se permettre de tout mettre en stand-by, d’arrêter de travailler et de débattre sur le concept même d’activité, c’est qu’on peut se le permettre. Il s’agit de la vie et de l’ambition de deux jeunes gens, et pourtant, difficile de ne pas penser que c’est un peu futile. On se rend compte alors que l’on est pollué par la notion de « vrai problème ». Que l’on ne prend pas vraiment au sérieux ces questionnements existentiels de jeunes urbains aisés. Ce spectacle a donc le mérite de prendre cette parole, de nous la faire entendre avec sérieux et tendresse, et de la théâtraliser. Il ne réussit pas à tout rendre beau, et à tout rendre intéressant, mais il y a de belles idées de mise en scène, une jolie gestion des silences, et il faut le dire, des pépites de la vie quotidienne.

A la fin, bien sûr, on se pose la question de la performance. En est-ce une ? On tâche aussi, et c’est ça qui surprend davantage, de prendre position sur le sujet. Aurais-je envie de m’arrêter de courir, de regarder les autres passer ? Est-ce que je considère le travail comme une valeur ? Ou bien comme une obligation inébranlable ? A l’heure où de plus en plus de jeunes diplômés remettent leurs formations en question, et où de plus en plus d’actifs décident de changer de perspective et de vision pour prendre le temps de vivre, cette forme courte a une vraie carte à jouer. Et encore pas mal d’idées à développer.

 

Partez devant
Texte Quentin Hodara
Mise en scène Laureline Lebris-Cep
Avec Adrien Guiraud et Juliette Prier

Du 4 au 6 juillet 2017 à 20h

La Loge
77 rue de Charonne 75011 Paris
Métro 9 Charonne
Réservation 01 40 09 70 40
www.lalogeparis.com

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