Critiques // « Paradoxe Mélodie », chorégraphie de Danièle Desnoyers, au théâtre de Chaillot

« Paradoxe Mélodie », chorégraphie de Danièle Desnoyers, au théâtre de Chaillot

Juin 02, 2015 | Commentaires fermés sur « Paradoxe Mélodie », chorégraphie de Danièle Desnoyers, au théâtre de Chaillot

ƒ article de Florent Mirandole

url© Luc Senécal

Le matériau brut sur lequel Danièle Desnoyers a construit « Paradoxe Mélodie », c’est la vie de tous les jours, le quotidien. En traduisant en mouvement nos émotions les plus simples, la chorégraphe canadienne a voulu faire rentrer la danse là ou ne l’attendait pas. Relations amicales, amoureuses, espoirs déçus, camaraderie… pendant une grande heure, 10 danseurs et une harpiste interprètent notre intimité, traduisent nos sensations souvent indéfinissables en un mouvement, une note. Chaque geste devrait nous toucher par la proximité des émotions avec lesquelles il raisonne. Pourtant le projet porté par Danièle Desnoyers s’essouffle rapidement. L’ennui qui peut se dégager du quotidien finit rapidement par atteindre le spectateur.

Il faut reconnaître une certaine virtuosité de la mise en scène chez la chorégraphe. Ainsi le cercle initial formé par les danseurs, sorte de ronde sociale faite de rencontres, d’espoir et de flirts, dans laquelle on tente constamment de s’extraire pour le réintégrer aussitôt, plante bien le décor. Mais les tableaux suivants s’avèrent décevants. Les scènes de groupe en particulier, peu inventives et répétitives, peinent à réveiller un quelconque souvenir. Au milieu de danseurs parfois empruntés, la danseuse Clémentine Schindler réussit toutefois à donner vie à plusieurs scènes. Elle illumine ainsi la pièce par sa douceur électrique et ses changements de rythmes imprévisibles. Au milieu d’une scène d’amour, l’image de son corps raide et en équilibre, abandonné à son partenaire, laisse un gout amer.

Maitre dans l’art de marier les corps et les sons, Danièle Desnoyers ne réussit pas non plus à donner à la harpe une place essentielle. Si les quelques effets visuels autour de la harpiste sont réussis, sa musique trop discrète ne nous bouscule pas, et réveille encore moins nos sens. Et lorsque la harpiste s’aventure à faire danser un corps au rythme du pincement des cordes, l’image a déjà été vue trop de fois pour surprendre. Bien entendu quelques moments sortent du lot, à l’instar de la scène de deux femmes restées seules, alors que leur amie semble s’abandonner à une idylle. Mais ce petit moment amusant et étrange ne permet pas de redonner une émotion à quelques morceaux de vie bien banals.

« Paradoxe Melodie », de Danièle Desnoyers

Chorégraphie Danièle Desnoyers
Direction des répétitions Sophie Corriveau assistée d’Emmanuelle Bourassa-Beaudoin
Musique Nicolas Bernier
Lumières Marc Parent
Costumes Denis Lavoie
Maquillages Angelo Barsetti

Avec Tal Adler, Karina Champoux, Molly Johnson, Jason Martin, Brice Noeser, Pierre-Marc Ouellette, Nicolas Patry, Clémentine Schindler, Anne Thériault, Élise Vanderborghtet Éveline Grégoire-Rousseau (harpiste)

Du 28 au 30 mai 2015

Théâtre National de Chaillot
1 place du Trocadéro 75016 Paris
Métro Trocadéro (lignes 6 et 9)
Réservation 01 53 65 30 00
www.theatre-chaillot.fr

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