© Agathe Deusy
ƒ article de Victoria Fourel
Un air de Queen ou de Françoise Hardy croisent un air de Rossini. Deux chanteuses lyriques en roue libre. Du tulle, des serre-têtes fantaisie et autres bizarreries. Cet Opérapiécé est dans tous ses états, embarquant le public dans un tour de chant aussi doux que dingue.
Machine à fumée, miroir de loge et lumières qui claquent, on est dans la fantaisie de cabaret, dans un vrai terrain de jeu pour chanteuses-comédiennes. La direction musicale est précise et l’accordéon parvient à jouer pour nous, tous les instruments, sachant se faire à la fois discret et polyvalent. Les interprètes s’éclatent, ça se voit jusque sur leurs têtes, elles prennent un plaisir fou à grossir le trait de la cantatrice. Une vilaine sorcière, une jeune première et des amoureux se succèdent et l’on a parfois l’impression de voir deux gamines farfouiller dans les déguisements au grenier. Peut-être que c’est elles qui ont tout compris : la scène est là pour s’amuser, pour tout inventer, pour tout mimer, pour tout grossir. Mais avec classe.
Bien sûr, il y a un écueil à ce ton singulier. On passe le spectacle à osciller entre deux eaux. Un fil conducteur est là sans l’être, et l’on ne sait si c’est elles qui ont raison de tout jouer et de tout dynamiter, ou bien si vraiment c’est trop éparpillé. N’est-ce pas trop souvent un montage de morceaux connus qui vaut surtout pour son idée première ? A-t-on un tour de chant, est-ce plus que ça ? L’humour, le décalage sont là, les sauts entre classique et contemporain, entre chic et hyper quotidien, tout ça est bien présent. Mais c’est là toute la difficulté de ce genre de spectacles : Comment dépasser l’enchaînement de prouesses virtuoses pour entrer dans le spectacle complet ?
Les chanteuses donnent tout, l’énergie comme la drôlerie, et ont créé un spectacle féminin, coloré, fort (en son comme en technique). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a le mérite de faire applaudir fort un public qui a soif de grande musique.
© Agathe Deusy
Opérapiécé, d’Aurore Bouston et Marion Lépine
Mise en scène William Mesguich
Direction musicale Louis Dunoyer
Lumières Eric Schoenzetter
Costumes Black Baroque by Marie-Caroline Béhue
Chorégraphies Barbara Silvestre
Avec Aurore Bouston et Marion Lépine, Marion Buisset ou Vincent Carenzi à l’accordéon
Du 7 au 30 juillet 2022 au Théâtre Episcène
Durée 1h10
Théâtre Episcène
5 rue Ninon Vallin
84000 AVIGNON
Réservation au 04 90 01 90 54
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