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On ne couche pas aux enterrements, écrit et joué par Christine Anglio et Laurie Marzoughi, mise en scène de Manon Rony, Studio Hébertot

Juil 10, 2023 | Commentaires fermés sur On ne couche pas aux enterrements, écrit et joué par Christine Anglio et Laurie Marzoughi, mise en scène de Manon Rony, Studio Hébertot

 

© David Twist

 

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette

Ana, juste avant de mourir de son cancer, il y a quinze ans déjà, avait fait promettre à sa sœur, Isabelle, et à sa meilleure amie Pauline de se voir une fois par an, dans son appartement qui ne bouge pas pendant toute cette période, quelle chance, ce n’est que maintenant que les cartons se remplissent et que les camions cherchent une place dans cette jolie petite ville de province.

C’est là que ces deux femmes jouent, discutent, s’ouvrent, se racontent, s’amusent (ou l’inverse). Elles ont été fidèles à Ana, tous les ans depuis quinze ans dans cet appartement, mine à souvenirs. Tous les quinze ans, pour faire comme si elles avaient encore quelque chose à se raconter, à partager. Mais cette année, Isabelle annonce qu’elle vient de vendre cet appartement et qu’il y a des années déjà, elle a épousé celui qui avait été le petit copain de sa sœur, et son amant pendant que sa frangine mourrait. Révélations tardives. De quoi se taper sur la figure, s’arracher les cheveux, ce qu’elles font et essaient de faire, puis cessent et rient, avouant qu’elles sont comme en pleine répétition et qu’en fait elles s’amusent, affinent leurs échanges et recommencent tout depuis le début, ou presque. L’une est toute triste parce qu’elle ne peut pas sortir son fusil géant en plastique noir, elle aimerait tant jouer façon série qui fait peur ! Mais ça copine, oui, elle, a peur et refuse absolument. Tant pis…

Ces deux comédiennes nous emportent tout à fait, nous avons l’impression de faire partie de la bagarre et que nous allons prendre une claque à un moment ou un autre, si ce n’est pas une tarte à la crème. Le texte est amusant, écrit par les deux copines elles-mêmes, ou plutôt par Christine Anglio et Laurie Marzougui, qui sont là, sur scène, pour nous et dont le peps fait beaucoup de bien. Nous sommes face à une légèreté sombre et rebondissante, la première partie appelle sans cesse sourires et éclats de rires. Puis la fausse dispute en pleine construction en devient presque une vraie, on attend leur pose rigolade mais non. Nous sommes comme transportés dans une « seconde partie », du vrai ou du faux, on ne sait plus trop où l’on en est et c’est un peu dommage. On ne rit plus trop, on ne sait plus si elles déconnent ou se tapent dessus pour presque du vrai. Des choses énormes semblent être passées inaperçues entre Pauline et Isabelle, une grossesse, un mariage, ah ? Je croyais que s’étaient les meilleures amies du monde, même si elles ne se croisaient qu’une fois l’an, dans cette province reculée où elles vivent toutes les deux et où tout le monde est au courant de tout, où le moindre éternuement est révélé à la foule entière de ce mini village. Mais pas les mariages ni les grossesses. Ah ? Si ça se trouve, ce sont deux copines de n’importe où qui jouent à n’importe quoi et sans y faire très attention y ajoutent un peu trop de gravité, ou pas assez. Pour elles cela fonctionne tout à fait, pour les spectateurs de temps en temps un peu moins. On est un peu perdu. Les enfants existent-ils ? Qui sait quoi, où, comment ??? Sans rire.

La première partie est donc resplendissante, rebondissante, et rapide, la seconde s’entasse un peu, la colère et la souffrance, vraie ou fausses, n’ont plus de stop, on s’y enfonce, on s’y prend les pieds. Ce n’est pas une grande catastrophe tellement le jeu est bon. Ou alors pas du tout, elles font peut-être semblant ? Un lien est entre ces deux copines, remuantes tout du long et on les apprécie, on les écoute, quoi qu’il en soit. C’est une petite heure qui fait du bien, dans un mini décor de cartons de déménagement qui peut prendre des apparences tout à fait différentes, allant du vrai de vrai à la forêt sauvage, c’est selon. On peut ne pas être d’accord avec la mise en place, le rythme, déçu ici ou là parce que du tout plat peut montrer sont vilain minois, oui, mais ce n’est pas pour de vrai, ce n’est pas très grave, ça c’est certain. La soirée reste courte et bonne, saine et sympathique, on en ressort trottinant et joyeux.

 
 © David Twist

 

On ne couche pas aux enterrements, de Christine Anglio et Laurie Marzougui

Mise en scène par Manon Rony

Avec Christine Anglio et Laurie Marzougui

Création lumière : Esteban Loirat

Costumes et décors : Christine Anglio, Laurie Marzougui et Manon Rony

 

Du 5 au 30 juillet 2023, du mercredi au dimanche, à 19h

Durée : 1 heure

 

Studio Hébertot

78bis, boulevard des Batignolles, 75017 Paris

Réservation 01 42 93 13 04

www.studioheberthot.com

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