© Christophe Raynaud de Lage

ƒƒƒ article de Hoël Le Corre

Dans un univers toujours aussi ciselé où la puissance des corps n’a dégale que leur fluidité, Raphaëlle Boitel explore avec Ombres Portées la question du non-dit et de ces conséquences sur la construction de soi. On y retrouve son esthétique du clair-obscur, à la croisée des disciplines. Entre danse, théâtre, cirque et cinéma, les relations familiales prennent une dimension hypnotisante et on se retrouve scotchés à nos sièges, le souffle court et les yeux écarquillés.

Aussi contradictoire que cela puisse paraitre, les mots prennent une place qu’on n’avait pas encore vue chez Raphaëlle Boitel, pour parler justement du silence et du secret. Comme dans toutes les familles, certaines choses sont tues, parfois pour toujours. Ou, au contraire, une personne tente de faire sortir une parole, une vérité, une révélation, et à défaut de réussir à briser le silence, elle modifie les relations, les repères, ébranle les certitudes. Les zones d’ombres, et les Ombres Portées, apparaissent et les personnages commencent à lutter les uns contre les autres, mais aussi avec eux-mêmes. Ici, le silence se frotte à la douleur psychologique, qui elle-même affecte alors les corps dans des chorégraphies intenses, où les muscles affleurent autant que les émotions. Les six interprètes sont aussi charismatiques qu’énigmatiques. Et même Alain Anglaret, le patriarche qui ne dit (presque) mot, campé dans son immobilité, est impressionnant…

La violence du propos est traitée grâce à une bande-son palpitante et les lumières hypnotiques de Tristan Baudoin, marque de fabrique de l’Oublié(e). Mais si le propos est difficile, la performance des corps, la précision des mouvements et la fluidité d’une mise en scène millimétrée rend ce spectacle absolument fascinant. Le tout dans une complicité et une tendresse manifeste entre les artistes. C’est poignant, c’est puissant, c’est magnifique !

© Christophe Raynaud de Lage

Ombres Portées, Compagnie l’Oublié(e)

Mise en scène et chorégraphie : Raphaëlle Boitel
Collaboration artistique, lumière, scénographie : Tristan Baudoin
Musique originale : Arthur Bison
Soutien technique, machinerie et agrès : Nicolas Lourdelle
Régie son : Nicolas Gardel
Régie plateau : David Normand
Régie lumière : Tristan Baudoin
Construction / accessoires : Anthony Nicolas

Interprètes : Alain Anglaret, Tia Balacey, Alba Faivre, Nicolas Lourdelle, Mohamed Rarhib, Vassiliki Rossillion

Du 29 février au 1^er mars2024 à 20h

Durée : 1h10

La MAC de Créteil

Pl. Salvador Allende

94000 Créteil

Réservations : 01 45 13 19 19

mac@maccreteil.com

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