ƒƒƒ Article de Victoria Fourel

© DR

Oliver Twist traverse les rues de Londres dans cette nouvelle adaptation du chef d’oeuvre de Dickens, de l’orphelinat aux quartiers riches, épris de liberté, de justice, mais surtout d’amour de sa famille perdue.

Roman fondateur, Oliver Twist est le sujet de nombreuses adaptations, tant ses personnages, son arrière-plan historique et philosophique et ses nombreuses facettes, demandent à être explorés. Ici, comme une réponse aux précédents spectacles créés autour d’Oliver, les créateurs du spectacle ont voulu prendre à bras le corps le genre de la comédie musicale à l’américaine, avec ses intermèdes musicaux, ses reprises des grands thèmes du spectacle, sa construction. Être à la hauteur d’un genre méconnu du public français, peu représenté, et fort de peu de créations. L’ensemble est à la fois cohérent et ambitieux, tant le travail de Christopher Delarue et de Shay Alon se place entre modernité et goût pour les classiques. Tous les codes y sont, de la direction d’acteur à l’ambiance jazzy qui règne dans les chorégraphies. Tout y est, même la chanson question-réponse, sommet dramatique et vocal du spectacle, où les enjeux et la tension ne supporteraient pas que l’on chante chacun à son tour, et où tout doit voler en éclat.

La difficulté du genre, surtout une fois qu’on l’a traduit à la langue et au public français, c’est aussi la direction à prendre dans une mise en scène massive, imposante. Surtout, ne pas tomber dans le cheap. Ici, les comédiens grossissent les traits, imprègnent leurs personnages de mime, mais toujours avec précision et même avec un concret jouissif, très premier degré. Et tout cela sur le plateau mais aussi dans le public, par des entrées et sorties joliment orchestrées par les lumières, à travers la salle, ouvrant les rues de Londres au spectateur. Et c’est aussi visuellement que se joue le défi de la comédie musicale : comment donner à ce spectacle l’ampleur qu’il mérite ? Sur un fond de unes de journaux et d’affiches jaunies, on pense à Tim Burton, aux ruelles sombres des romans policiers anglais, à une sorte de patchwork d’époques et de références. A l’avenir, pour ce spectacle comme pour les autres, reste le défi de se départir de la petite tentation du kitsch dont il du mal à se détacher, mais qui reste vraiment jouissive, lorsqu’elle est bien amenée.

Donner l’occasion à un divertissement pur d’être exigeant et inventif, et de faire de ses défauts de vraies qualités pour un public impressionné, donner de l’exposition à des artistes complets, à la fois techniciens et simples, c’est ce que parvient à faire Oliver Twist. Engagement, création lumière, voix, spontanéité face aux aléas d’une telle machine, on a les yeux rivés à la scène, et à l’avenir de la comédie musicale à la française.

Oliver Twist
D’après Charles Dickens
De Christopher Delarue
Musique Shay Alon
Mise en scène Ladislas Chollat
assisté d’Eric Supply
Costumes Jean-Daniel Vuillermoz
Scénographie Emmanuelle Roy
Projections vidéos Nathalie Cabrol
Lumières Alban Sauvé

Avec Nicolas Motet, Prisca Demaret, David Alexis, Benoît Cauden, Arnaud Léonard, Catherine Arondel, Gilles Vajou, Jeff Broussoux, Hervé Lewandowski, Marina Pangos, Sébastien Valter, Théa Anceau, Jennifer Barre, Juliette Behar, Christopher Delarue, Xavier Ecary, Lucile Bourdon.

A partir du 23 septembre 2016, du vendredi au dimanche à 20h30

Salle Gaveau
45-47 rue de la Boétie – 75008 Paris
Métro Miromesnil
Réservation 01 49 53 05 07
www.sallegaveau.com

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