À l'affiche, Critiques // OCD LOVE, Sharon Eyal et Gai Behar, Théâtre National de Chaillot

OCD LOVE, Sharon Eyal et Gai Behar, Théâtre National de Chaillot

Avr 30, 2017 | Commentaires fermés sur OCD LOVE, Sharon Eyal et Gai Behar, Théâtre National de Chaillot

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault

OCD 1 Regina Brocke

© Regina Brocke

C’est la première fois que L-E-V Dance Company vient en France. On se demande déjà comment on a pu faire sans… Sharon Eyal et Gai Behar présentent OCD LOVE, dans le grand foyer du Théâtre National de Chaillot, et nous offrent trois hommes, trois femmes, six galaxies étranges et différentes, avec chacune leurs lois, leurs fois et raisons, avec le désir, le besoin de l’autre, que l’on fait tout ici pour effacer, éloigner, noyer. Des adorateurs de l’inaccessible, du complexe, le corps calciné d’écho.

Ce sont des âmes nues qui souffrent les unes face aux autres, face à elles-mêmes, perdues dans ces « troubles obsessionnels compulsifs » (obsessive-compulsive disorder en anglais, OCD) qui les protègent, les poussent les unes vers les autres et les retiennent, élastiquement, les font rebondir sur elles-mêmes, les projettent sur mille murs invisibles, murs salopards qui déchirent, cognent et nourrissent l’envie. Tous les six tombent, s’enfuient, se cachent et recommencent. Ils s’aident et se lâchent. Aucune désespérance si ce n’est celle de ne pas imaginer se libérer de son âme propre, celle qui s’amuse de les faire rebondir, hommes et femmes, sans cesse.

Tous les six se noient dans une électricité penaude, dans ce détachement des gestes qui montre tant le besoin d’aller vers l’autre et tout le mal que l’on se donne pour ne pas réussir. Gestes hachés. Une des trois danseuses est peut-être moins perdue dans cet enfer, et c’est dommage. Quelques brefs courbes dociles et non farouches tombent mal ici. On veut se battre, tenter de sortir de soi-même, à l’unisson des cinq autres. Les vibrations, les cris, les retours quasi épileptiques sont donc les bienvenus.

Dans une musique de plus en plus pénétrante, à la fois viscérale et mécanique, ancienne et prédite, ils dansent ensemble et seuls à la fois, ils s’effondrent, chacun à l’abri si douloureux de soi-même, et non des autres, enfermés eux-aussi. Victorieux, oui, ils le sont. Ces combats tentés sans cesse montrent une union évidente. Pour que puisse être perçu si finement un double rejet craché sans raison de deux corps dos à dos, les heures d’unions sextuples apparaissent et jaillissent, on appelle parfois cela du travail, mais là, ce soir-là, sur cette scène curieusement perdue, c’était simplement de l’amour qui tentait de ne pas se faire du mal.

OCD LOVE
De Sharon Eyal et Gai Behar
Son et musique en direct Ori Lichtik
Lumières Thierry Dreyfus
Costumes Odelia Arnold
En collaboration avec Rebecca Hytting, Gon Biran, Sharon Eyal, Gai Behar
Direction technique Alon Cohen
Avec Gon Biran, Darren Devaeny, Rebecca Hytting, Mariko Kakizaki, Keren Lurie Perdes, Leo Lerus, Shamel Pitts
OCD LOVE a été créé dans le cadre d’une résidence au Banff Centre (Canada)

Avec le soutien des services culturels de l’ambassade d’Israël en France

Du 26 au 29 avril 2017

Théâtre National de Chaillot
1 place du Trocadéro – 75116 Paris
M° Trocadéro
Réservations 01 53 65 30 00
www.theatre-chaillot.fr

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