À l'affiche, Critiques // Novecento d’Alessandro Baricco, mise en scène André Dussolier, au Théâtre du Rond-Point

Novecento d’Alessandro Baricco, mise en scène André Dussolier, au Théâtre du Rond-Point

Sep 04, 2017 | Commentaires fermés sur Novecento d’Alessandro Baricco, mise en scène André Dussolier, au Théâtre du Rond-Point

© Christian Granet

ƒƒ Article de Victoria Fourel

Il en fait des allers-retours, ce bateau. Et avec lui le trompettiste qui raconte sa vie de musicien d’orchestre en mer, et surtout sa rencontre avec l’improbable Novecento. Dans ce récit de voyage, à la fois conte fantastique et ode au jazz, André Dussolier propose une adaptation pleine d’humour et de poésie.

Dussolier a quelque chose de foncièrement tendre. Dans sa façon de décrire les lumières, les odeurs et les sons, dans sa façon d’asséner son texte jusqu’au bout du souffle, comme par excès d’enthousiasme. Il traverse l’océan et le plateau avec un plaisir juvénile, sautillant. Il conte davantage qu’il ne joue, et le micro qui s’interpose entre la voix et notre oreille impose un filtre parfois indésirable. Même s’il est indispensable dans ce spectacle qui fait la part belle à la musique en direct, le micro empêche, et de façon un peu contradictoire, les confidences à nous parvenir totalement.

Le personnage principal évolue comme glissant sur le pont du bateau, et le décor aussi semble glisser, alors que les images se succèdent, nuit et jour en mer, silhouettes des villes au loin, montée et descente des passagers. Et avec toujours en filigrane la présence de l’orchestre et du pianiste Novecento. C’est un huis-clos musical en bateau, qui durera six ans pour notre narrateur, et une vie entière pour le pianiste, né à bord, et qui n’en descendra jamais. Le caractère de ce spectacle, sa poésie, viennent de la présence permanente de cet ami, de ce musicien philosophe, de ce marin malgré lui, invisible à notre œil, et seulement raconté par le comédien. Il est là, passant à travers les mains des musiciens sur scène. Il est là, à travers les souvenirs du narrateur.

Ce voyage est inspirant, et l’on aimerait parfois que le décor ait la même énergie qu’André Dussolier, et la musique folle du groupe. Pourquoi le piano ne suivrait-il pas le roulis et le tangage du Virginian ? Pourquoi ne pas créer davantage de mouvement sur le plateau ? Si le comédien et le texte sont d’une précision et d’un confort parfaits, on rêve de surprises qui pourraient naître, et d’être ainsi plus impressionnés.

L’adaptation française est d’une grande qualité, le rythme et la durée du spectacle sont idéaux pour captiver, le plaisir de la langue est là, à chaque pas. On aimerait peut-être davantage d’air, de vide, pour savourer les jeux de mots et les images créées par la voix et le charisme de jeune homme d’André Dussolier. Mais il y a une telle inventivité dans ces personnages et dans cette histoire de voyage, de côte, et de monde trop grand, que l’on se laisse bercer par les vagues sans résistance, au son du clavier de Novecento.

 

Novecento

Texte Alessandro Baricco
Mise en scène et adaptation française André Dussolier

Avec André Dussolier et les musiciens Elio Di Tanna, Sylvain Gontard en alternance avec Gilles Relisieux, Michel Bocchi et Olivier Andrès.

Du vendredi 1er septembre au dimanche 1er octobre 2017
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h.

Relâche le lundi et le 12 septembre.

Théâtre du Rond-Point
2bis avenue Franklin D. Roosevelt 75008 Paris
Métro Franklin D. Roosevelt ou Champs-Elysées Clémenceau

Réservation 01 44 95 98 21

www.theatredurondpoint.fr

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