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Notre crâne comme accessoire, mise en scène d’Igor Mendjisky au Théâtre des Bouffes du Nord

Mar 11, 2016 | Commentaires fermés sur Notre crâne comme accessoire, mise en scène d’Igor Mendjisky au Théâtre des Bouffes du Nord

ƒƒƒ article de Camille Scordia

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© DR

Librement inspirée du Théâtre ambulant Cholapovitch de Lioubomir Simovitch, cette pièce retrace l’aventure d’une troupe de théâtre qui part répéter et jouer la pièce des Trois petits cochons dans une ville en guerre, prise en otage par un dictateur. La troupe s’installe dans un ancien théâtre en ruines, où vivent la propriétaire et un jeune couple démuni. Ces derniers voient débarquer, au beau milieu de leur quotidien fait de travail et de sacrifices, une troupe de jeunes artistes insouciants, décidés à jouer malgré la censure et l’horreur. A mesure que les conditions sur place se radicalisent – l’arrestation arbitraire du jeune fils du couple, la torture, la censure – le fossé entre les habitants et la troupe se creuse : pourquoi faire du théâtre quand la guerre fait rage aux alentours ? Pourquoi créer de la fiction quand la réalité la dépasse ?

« Entre crimes et humiliations, quelle place pour le théâtre ? »

C’est à ces questions essentielles que s’attaque cette création, résolument politique. Ni décor, ni costumes sophistiqués ne viennent mettre à distance les spectateurs du plateau : la mise en scène souligne la nudité, le vide, pour construire un théâtre vivant et immédiat, où le quatrième mur tombe d’emblée. Ce parti pris se retrouve dans le mode d’écriture collective, au plateau, qui laisse sa place à l’improvisation, sollicitant le spectateur pour le placer dans une posture active. La trame narrative, qui a tous les éléments d’une tragédie, prête cependant à rire, et vire la seconde d’après à l’horreur. Dans ce cabaret, des personnages bien identifiés se passent le relai pour soulever la question de la résistance de l’art aux autorités, son rôle dans la compréhension du politique par les citoyens, au-delà de sa fonction cathartique.

Un théâtre de la résistance

Les comédiens trouvent le ton juste, sans emphase mais avec force, pour montrer la possibilité d’un théâtre engagé et réflexif, où les acteurs descendent de leur tour d’ivoire pour combattre l’ignorance et la barbarie. L’espace de la scène peut alors être cette fameuse agora, où le peuple échange et résiste à l’arbitraire.
La compagnie Les Sans Cou démontre une énergie surprenante : les comédiens passent d’un registre à l’autre avec une grande facilité, du comique à l’horreur en convoquant les arts du cirque et de la danse, pour mieux faire éclater leur liberté. Ils incarnent une jeunesse qui fait rimer résistance et réflexion, afin de s’interroger sur les révolutions qui nous entourent.

Notre Crâne comme accessoire
Librement inspiré du Théâtre ambulant Cholapovitch de Lioubomir Simovitch
Mise en scène Igor Mendjisky
Création collective Les Sans Cou
Costumes May Katrem
Chorégraphie Esther Van den Driessche
Lumières Stéphane Deschamps
Scénographie Claire Massard et Igor Mendjisky
Vidéo Yannick Donet
Assistant à la mise en scène Luc Rodier

Avec Clément Aubert, Raphaël Charpentier, Hélène Chrysochoos, Romain Cottard, Pierre Déaux, Paul Jeanson, Eleonore Joncquez, Igor Mendjisky, Arnaud Pfeiffer, Esther Van den Driessche

Durée : 2h

Du mardi 8 au samedi 26 mars
Du mardi au samedi à 21h

Théâtre des Bouffes du Nord
37 bis boulevard de la Chapelle – 75010 Paris
Réservations 01 46 07 34 50
www.bouffesdunord.com

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