© Giovanni Cittadini Cesi

ƒƒƒ Article de Nicolas Brizault

Une pluie de Satie, douce et folle pluie de printemps pour fêter ses 150 ans, voilà ce qu’est Night in White Satie, inventé, créé, construit par le sur-talentueux Pierre Notte. Satie, bien sûr on connaît Satie, bien évidemment on ne le connaît pas. Gymnopédies, musiques gnossiennes, Trois morceaux en forme de poire oui, oui, mais je l’avoue rien de plus, je passais à côté de Montmartre, à côté des six mois dans les bras de Suzanne Valadon. Je ne pensais pas à Picasso, Picabia ni même à Debussy, les jeux de mots ne voulaient rien dire pour moi, face à Satie j’entends ; je versais des verres d’absinthe à bien d’autres que lui. Je n’imaginais pas son appartement d’Arcueil débordant de lettres ouvertes ou non, ses collections de costumes de velours brun, toujours les mêmes.

Je pensais que Nicole Croisille, Donia Berriri, Anita Robillard, Nelson-Rafael Madel et Kevin Mischel allaient ouvrir de vieilles malles aux fa, do et la sans rémissions. Elles sont sur scène ces malles, oui, mais beaucoup plus intrépides, remuantes, pas sages du tout mêmes si elles souhaitent nous parler de Satie elles aussi, nous donner envie de l’écouter mieux, de l’entendre, de nous plonger le cœur ouvert dans ses rebondissements multiples et si variés. Trois femmes, deux hommes, les cinq chantent, racontent, se racontent, se mélangent, s’écoutent et se battent, tout ça sur, sous, dans Satie. Ils jouent, rient, se moquent et s’en moquent ? L’amour est là, la peur aussi, les époques glissent et rebondissent. C’est l’anniversaire de Satie, amusons-nous.

Pierre Notte est un magicien. Il joue avec les titres de ses créations, et transforme la scène du Rond-Point en l’essence même du talent fulgurant de Satie. Il transforme tout d’ailleurs, même les « Embryons desséchés » ou quelques « Caresses » lâchées par une poulie sont en fait des balles de ping-pong qui traînaient par-là. On sent la joie de plus en plus forte sur scène, Satie et le bonheur qu’il donne, la musique et ce qu’elle dépose en nous, jusqu’à la métamorphose. Jusqu’à l’inexpliquable et c’est tant mieux. Satie découvert comme je ne m’y attendais pas, voies bien plus profondes et rebondissantes, étranges parfois, Satie installé et qui ne demandait pas mieux. Je suis arrivé un peu distant, je ne suis pas parti. Simplement chargé d’envies, ruisselant d’humour, l’âme ouverte ici ou là.

Night in White Satie – L’Adami fête Satie, Erik Satie / Pierre Notte

Textes et musiques de Erik Satie
Conception, textes additionnels, mise en scène Pierre Notte

Avec Donia Berriri, Anita Robillard, Nelson-Rafael Madel, Kevin Mischel et Nicole Croisille

Assistanat Anita Robillard
Chorégraphies Kevin Mischel
Lumières Antonio de Carvalho
Son et régie générale David Geffard
Arrangements et piano Donia Berriri
Vidéos Mathias Lameda

Production déléguée la compagnie Les gens qui tombent
Coproduction Adami, Théâtre du Rond-Point et la compagnie Les gens qui tombent
Avec le soutien du Prisme – Saint-Quentin-en-Yvelines

Avant-première Paris
Le 12 juin à 20h

Théâtre du Rond-Point
2bis avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

www.theatredurondpoint.fr

Théâtre du Balcon, Festival d’Avignon
38, rue Guillaume Puy
84000 Avignon

Du 7 au 30 juillet 2017 à 22h15, relâches les 11, 18 et 25 juillet

www.theatredubalcon.org

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