© Charlotte Audureau
ƒƒ Article de Denis Sanglard
Ils sont sept sur le plateau, sept danseurs issus du Hip-Hop, de la danse traditionnelle marocaine et du cirque contemporain. Le chorégraphe Fouad Boussouf les a réunis et sur le plateau, plus qu’une confrontation, nous assistons à une formidable synthèse de ce que peut être l’homme marocain aujourd’hui. Entre tradition et modernité, sans tiraillement ici, mais au contraire dans une énergie collective ébouriffante. Sur un rythme infernal qui mène à la transe, une musique urbaine qui mêle à la poésie populaire le rock et les appels à la prière, les danseurs offrent une danse percutante, et qui n’est pas ici qu’une simple image. Si les bras se lèvent en adresse au dieu, les pieds martèlent durement le sol. C’est sans doute ce qui marque cette chorégraphie, cet étirement extrême du corps, comme écartelé entre deux pôles, le sacré et le profane. C’est une chorégraphie sous tension permanente qui ne s’accorde que peu de relâchement. Fouad Boussouf privilégie le collectif et l’énergie du groupe qu’il mène au paroxysme. Un groupe soudé par la même pulsation, le même souffle qui les emporte loin. Quelques échappées, quelques solos ou duos comme autant de battle où l’on se défie, corps à corps aussi abrupts que troublants de sensualité, où l’individu affirme puissamment sa différence, sont vite réintégrés dans le noyau indissoluble qu’il forme. C’est aussi peut être en filigrane ce que Fouad Boussouf semble affirmer, que la différence participe, et ce n’est pas un paradoxe, à l’unité du collectif, là est sans doute sa force. S’il manque une ligne narrative ferme, elle est plutôt flottante et quelque peu répétitive ici, on ne peut qu’être happé par cette volonté de rassembler ce qui semble à priori irréconciliable, la modernité irrépressible aux rites séculaires. Fouad Boussouf s’y entend pour sans heurt et sans couture apparente glisser du hip-hop acrobatique à la danse traditionnelle, aux rituels religieux. Une question de mouvements, de gestes qui se répondent le plus naturellement et finissent par se confondre, auxquels le chorégraphe donne une impulsion, un rythme soutenu, une cadence infernale, une énergie phénoménale, donnant à l’ensemble son unité. Une question de mouvement, certes, mais aussi de rituels, de son importance, celui-là même qu’il soit profane ou religieux qui rassemblent dans une même énergie une collectivité.
© Charlotte Audureau
Näss (Les gens) : chorégraphie de Fouad Boussouf
Interprètes : Elias Ardouin, Sami Blond, Mathieu Bord, Maxime Cozik, Yanice Djae, Loïc Elice, Justin Gouin
Assistant chorégraphique : Bruno Domingues Torres
Lumières : Fabrice Sarcy
Costumes et scénographie : Camille Vallat
Son et arrangements : Roman Bestion, Fouad Boussouf, Marion Castor
Du 20 au 23 juillet 2022 à 22 h
Durée 55 minutes
Lycée Jacques Decour
12 avenue Trudaine
75009 Paris
Réservations
01 44 94 98 00
parislete.notrebilleterie.fr
Festival Paris l’Eté
Billetterie : 15 rue Brancion 75015 Paris
01 44 94 98 00
parislete.fr
comment closed