© Sarah Imsand
article de Nicolas Brizault-Eyssette
Comment dire… Un spectacle, ou plutôt une suite de cris, d’images, de mots forçant à ouvrir les yeux, à reconnaître, soutenir, admettre. My body, my archive débute sur une immense scène presque nue. On attend ce spectacle d’un chorégraphe de Kisangani, dans la République Démocratique du Congo. Ils sont deux sur scène, musique, sculptures et images vont se mêler à ce travail répétitif ou figé, c’est selon. Devant nous, deux hommes qui semblent offrir un travail pour eux essentiel, pensé. De l’autre côté, c’est plutôt réflexion sur le prochain métro, changement ou direct, et ici ou là tristesse ou colère, on a oublié de prendre des boules Quiès qui auraient été les bienvenues.
Des sculptures du prince des sculpteurs, Gbaga, dont les formes emportent, font naître désir et curiosité racontent hier, s’échangent, retournent au sol. On espère qu’elles ne tomberont pas. Les ancêtres sont sans doute tout près, l’idée est belle et le courage, l’intensité du travail, de la recherche de Faustin Linyekula et Heru Shabaka-Ra séduisent. Il y a de la sympathie partout et l’idée que cette torture musicale, ce poids visuel vont cesser est toute proche. Et non, elle ne déménage pas, s’installe. Ses fondations ne tremblent pas. Un lourd disque rayé aurait trouvé les touches contemporaines du non-stop. Impressions de torture, peur d’un évanouissement. On se flagelle, se disant que l’on rate tout, qu’on ne saisit rien. Puis la musique fausse et rouillée cesse, les non mouvements s’évanouissent, vengeance, et les applaudissements plus que maigres s’enfuissent. Dommage pour eux et tant mieux pour nous.
© Sarah Imsand
My body, my archive, chorégraphie de Faustin Linyekula
Musique (trompette) : Heru Shabaka-Ra
Sculptures : Gbaga
Création sonore et vidéo : Franck Maka
Création costumes : Aldina de Jesus
Dramaturgie : en dialogue avec Éric Vautrin
Collaboration à la dramaturgie : Dorcas Mulamba
Collaboration lumières : Christophe Glanzmann
Musiques additionnelles : Percussions de Jamos, Passero et Mobeti, Nierica de Joachim Montessuis
Avec Faustin Linyekula et Heru Shabaka-Ra
Du 14 au 17 juin 2023
Durée : 1 heure
Chaillot Théâtre national de la Danse
1, place du Trocadéro
75116 Paris
Réservation 01 53 65 30 00
www.theatre-chaillot.fr
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